Défricher le monde sonore électronique , voilà à quoi s'est astreint pendant longtemps le label berlinois
BPitch Control. Jusqu'à ces dernières années marquées par un certain virage "pop" avec notamment les sorties de la boss (
Dust), de
Telefon Tel Aviv (
Immolate Yourself), d'
Agf & Delay (
Symptoms) ou plus récemment
Aerea Negrot (
Arabxilla) et
Dillon et son "Silence Tueur" .
Avec ce dernier, peut-être inégal, tout du moins jamais lassant, la jeune Allemande s'affirme maître d’œuvre habitée et prouve à qui voudra bien l'écouter, qu'une voix un tantinet nasillarde et acidulée - entre nonchalance et évanescence - peut construire un univers original et chaleureux à la beauté délictueuse (joli hold-up sur
Thirteen Thirty-five et son braquage de
Pocket Full Of Money du Suédois
Jens Lekman).
Pour ces morceaux, parfois risqués, souvent maîtrisés, la nymphette s'est entourée des fidèles producteurs
Tamer Fahri Oz Gonenc (un ex-
Mit) et
Thies Mynther (croisé chez
Chicks On Speed ou
Dj Koze). Le trio apporte au projet sa stabilité et une belle richesse musicale, servie par une énergie sereine et inspirée. Les architectures sonores tantôt jazz, tantôt electro-pop sont déclinées et détournées pour sertir une voix insaisissable, éclatant diamant d'une chanteuse qui sous ses atours faussement naïfs s'avère bien ténébreuse. Mais ces chansons, mélancoliques la plus part du temps, bizarrement intemporelles, rassurent malgré tout par leur tranquille assurance.
En fait,
Dillon distille là toute une panoplie d'impressions qui tournent les sens et savent virer au sentimental, sans la lourdeur du pathos.
Et c'est ainsi, quand on se repasse le film de l'écoute, qu'on entrevoit, fugitive et fugace, la belle âme d'une artiste en devenir, dédouanée des contraintes des convenances, sûre de son fait.
Oui, finalement, après elle, le silence pourrait bien être mortel.
Chroniqué par
Yvan
le 20/02/2012