La surprise hip-hop 2011 vient des old-timer du
Wu-Tang Clan. Tout arrive.
Legendary Weapons donc. Est-ce véritablement un disque ou une simple superposition de titres enregistrés à droite à gauche, sans réelle cohérence ? Car si la forme et le manque de promotion y est, ce disque, à la pochette sentant bon le montage photoshop à trois sous, n'a rien d'une fructueuse compilation.
Sortit sur l'ancien
Koch Records, aujourd'hui
E1 Music, (label important du Wu-Tang post-97 sur lequel sont sortis les
Digital Bullet,
The Movement,
Digi Snacks), malgré l'absence de
Masta Killa et
GZA, et des interventions au compte-gouttes des membres originaux,
Legendary Weapons n'est pas loin de s'imposer comme un album de groupe à part entière. D'une, parce que la qualité est indéniable, et deux, parce que ce fameux retour aux sources que prône
RZA fonctionne à merveille.
Comme pour
Chamber Music (2009, même label, quelques bons titres mais essentiellement de l'interlude et du tout-venant),
RZA se pose en producteur exécutif, supervisant les nouvelles têtes gravitant autour de la nébuleuse W, à savoir les New-yorkais
Noah Rubin et
Andrew Kelley, ainsi que le batteur d'origine lituanienne
Gintas Janusonis (on peut ajouter le bassiste
Josh Werner, non présent ici mais ayant plusieurs collaborations récentes avec
RZA depuis quelques temps). Loin du format type du producteur de hip-hop, ce sont ces petits blancs d'une trentaine d'années, représentatifs de la grande majorité de ce qu'est le public du Wu-Tang dans sa globalité, qui ont eu les faveurs du maître pour faire revivre le son si particulier de la Shaolin Island. Des fans de la première heure, certainement nostalgiques de l'âge d'or 93-97. Sans oublier
Fizzy Womack, dit Lil Fame de
M.O.P., lui aussi, déjà présent il y a deux ans pour
Chamber Music, ainsi que l'apport non négligeable de
The Revelations (
Bob Perry et
Tre Williams), autre présence récurrente désormais chez
RZA.
Ressort ici l'âme du Wu, que l'on avait perdue ces dernières années, si ce n'est entrevue avec les trop rares nitescences type
No Said Date en 2004 ou le pourtant décrié mais excellent
8 Diagrams en 2007. Le
Wu-Tang Clan est, que l'on veuille ou non, une institution, un collectif sans précédent dans l'histoire du hip-hop. Le respect de la tradition est garant de la réussite à travers les âges. Le WTC United ? Sans pouvoir être assimilé aux différents albums marquants réalisés, notamment en terme d'ambiance,
Legendary Weapons n'a rien de l'album bâtard. Sombre, en rien « tub-uesque », sans fulgurances, mais avec une constance dans la qualité des beats, des raps, dans le tissage d'une ambiance chère à l'esprit Wu-Tang que
RZA qualifie de « throw-back sound […] inspired by classic soul and kung-fu imagery) ».
Pour les MCs, des confirmations :
Ghostface Killah, rappeur le plus en vue du disque (présent sur 4 titres), est insensible au poids des années.
Killa Sin (de
Killarmy), en dépit d'une carrière gérée n'importe comment, est l'un des plus gros
gâchis de la « Wu-Fam ».
Trife Diesel, le protégé de
Ghostface, n'a aucun charisme.
U-God résume sur ses deux couplets l'ensemble de sa carrière: on/off. Pour les invités, joli touché que d'avoir pensé à
Roc Marciano, auteur l'année passée d'un excellent
Marcberg.
Sean Price, si ça avait besoin d'être rappelé, ne sert toujours à rien. Et
Cappadonna, bien que sympathique, a toujours du mal.
Sans grande difficulté,
Legendary Weapons s'impose comme le meilleur disque labellisé
Wu-Tang depuis
8 Diagrams. Une pensée pour
Pro-Tools, le (pour le coup) faux-album solo de
GZA.
Chroniqué par
Lebowski
le 20/07/2011