Un album dont la liste des invités est aussi pléthorique aura toujours tendance à déclencher la méfiance.
Jon Spencer sans son
Blues Explosion,
Nicolas Ker sans ses
Poni Hoax,
Nancy Sinatra sans son
Hazelwood (RIP),
Faris Badwan sans ses
"Horreurs",
Afrika Bambaataa sans ses
Native Tongues...On en passe et des meilleurs, et pourtant là sur le papier reste l'impression persistante qu'on essaie de nous cacher la misère. Parano dommageable, quand finalement décidé à jeter une oreille attentive aux dix titres de ce
Circus, on constate que ce dernier est tout ce qu'il y a de plus respectable.
D'un autre côté, me direz-vous, on aurait pu lui laisser le bénéfice du doute. Certes !
C'est vrai que
Bernard Fèvre aka
Black Devil Disco Club (
BDDC) n'est pas tombé de la dernière pluie. Pour la petite histoire, ce routard du synthé s'est fait (re)connaitre, un peu malgré lui, au début du XXI° siècle pour un disque,
Disco Club, produit dans le précédent - 1978 pour être précis. Un Lp passé à l'époque complètement inaperçu, plongeant
Fèvre et son acolyte de l'époque dans l'anonymat le plus total. Tout va changer à la faveur d'une double rencontre : les
Chemical Brothers samplant
BDDC (
Go Glint sur
Surrender en 1999) et
Aphex Twin assisté de
Luke Vibert ressortant sur son label
Rephlex le fameux opus oublié (2004). Voilà comment il accèdera à la notoriété à laquelle il était en droit de prétendre.
Trente trois ans plus tard
BDDC est toujours là, et bien en place ma foi ! Les Anglais défricheurs de
LO recordings ne s'y sont d'ailleurs pas trompés, renouvelant leur confiance au Frenchy en le signant à nouveau chez eux (l'ensemble des albums depuis son come-back en 2006, cinq au total, sont hébergés par ces fouineurs patentés).
Circus s'avère donc une charmante aventure cosmic-pop, éblouissante de basses et de sonorités synthétiques, bruissante d'échos immatériels, ne reniant jamais - c'est le moins qu'on puisse dire - un amour invétéré pour la moiteur du dancefloor.
Et si on peut regretter un traitement des voix bien trop appuyé (étrange tout de même quand on a tant d'invités de cet acabit d'en camoufler à ce point le chant), la luxuriance des instrus, tour à tour sombres et malsaines, tribales et psychédéliques, spatiales et acides, leur sens du rythme, leur intelligence, font passer la pilule. Le genre de dragée en couleur, qui fait rire et aimer, à l'instar d'un disque qui donne simplement l'envie d'être heureux. Pour cet été, c'est franchement toujours ça de pris.
Chroniqué par
Yvan
le 19/07/2011