Sur la couverture de
Diamond Mine comme dans la musique qu’il renferme il y a le large et des vieux loups de mer pour le regarder. Dans ce décor brumeux, l’Écossais
King Creosote (autrement dit
Kenny Anderson) et l’Anglais
Jon Hopkins déambulent le cœur en peine ou les poumons gonflés d’espoir avec autant d'aisance que des fantômes dans un manoir abandonné.
Ce disque est une déclaration d’amour à la région d’origine de
Kenny Anderson, la pittoresque région de Fife. Chaque composition de
Diamond Mine irradie à coup sûr de la même lumière et du même calme qui doit baigner depuis la nuit des temps les côtes et les villages de cette contrée entièrement tournée vers la mer.
Il a fallu sept ans au duo pour conférer aux sept pièces et aux trente minutes de l’album le magnétisme qui les enveloppe… Et sans doute autant d’ « intelligence émotionnelle » pourrait-on dire vulgairement, pour les faire sonner avec cette spontanéité qui confine disons le sans ambages, à la grâce.
En guise d'explication, il faut commencer par évoquer la voix du
King Creosote qui emporte presque à elle-seule les ballades de
Diamond Mine. C'est une voix qui malgré sa fluidité et son apparente pureté transporte plus de chose qu'on pourrait le croire, à commencer par une profonde mélancolie et des vieilles histoires imprégnées de folklore!
Alors il ne reste qu'à
Jon Hopkins, en artisan subliminal ou en peintre impressionniste, c'est selon, de faire de ces ballades folk des perles d’onirisme en les bordant par petites touches de field recordings naturalistes, d'échos lointains et de nappes discrètes aux tons sépia.
Les mots en fin de compte sont vains pour dire ce que les deux hommes dans une alchimie symbiotique livrent avec une simplicité et une maîtrise qui forcent l’admiration : à savoir une vision fantasmée de l’évasion à l’âge électronique, des souvenirs de paysages intimes qui s’effacent à mesure que croît une sensation perçante de nostalgie.