Bill Callahan, l’homme aux plusieurs vies signe un nouvel album qui célèbre la face sombre de la country alternative. On se souvenait de sa voix grave, qui nous murmurait à l’oreille des ballades
lo fi, quand il officiait sous le nom de
Smog, on le redécouvre, après avoir ignoré plusieurs de ses précédents albums, dans un registre plus libre, moins statique. Et pourtant on est pas si loin de son chef-d’œuvre
Red Apple Falls qu’on avait découvert sur le tard en même temps que deux autres monuments :
Young Team de
Mogwai et
The Sophtware slump de
Grandaddy. Déjà à l’époque, ce dernier faisait de nombreux empreints à la country. Désormais,
Bill Callahan met les deux pieds dedans. Un album court, un peu moins de 28 minutes. Une musique directe, une voix plus grave, plus affirmée. Un répertoire qui respire les grands espaces, la soif de liberté et le chant de la contestation (
America !).
On oscille entre la tradition des crooners contestataires à l’image d’un
Johnny Cash et la mélancolie de l’œuvre des
Tindersticks. Qu’importe les comparaisons, l’
Apocalypse selon
Bill Callahan est une œuvre incarnée et habitée. Même si la musique est composée seulement autour d’une guitare, une basse, une batterie, un clavier, une voix et une flûte, la musique de
Bill Callahan est tout sauf simpliste ou linéaire. Au contraire, elle s’égraine au fur et à mesure des textes dits par une voix qui occupe l’espace comme jamais (
One Fine Morning), qui s’adresse directement à son auditeur, qui l’interpelle (
Baby’s Breath, Universal Applicant) ou qui répond à la flûte traversière (
Free’s). Qu’importe, le résultat est toujours aussi marquant, la musique s’adosse à cette colonne vertébrale que forme la voix dans un jeu de questions réponses des plus classieux. Elle recèle de trouvailles (
Drover), sous forme d’incursions éclaires d’instruments divers, mélodica, banjo, violons, guitares (
Baby’s Breath) flirtant à maintes reprises dans une folie jubilatoire, à l’image du bouillonnant
America !
Avec son
Apocalypse,
Bill Callahan a fait le choix d’un album court, qui sert parfaitement un répertoire où chaque minute s’écoute avec recueillement. Dix ans après, on retrouve un
Bill Callahan qui ne cesse de se bonifier avec l’âge. A ce rythme là, on prend rendez-vous pour écouter la suite.