Avec ce quatrième album le Canadien Taylor Kirk alias
Timber Timbre nous gâte une nouvelle fois. La sortie de son précédent album (éponyme) avait déjà marqué les mémoires en proposant un mélange de blues rock matiné de soul à l’atmosphère crépusculaire : entre un
Leonard Cohen et les
Tindersticks. Un album de
crooner ou le résultat de la rencontre entre
Elvis Presley et
Antony and the Johnsons.
Cette nouvelle production en impose. Un chef-d’œuvre laisse la place à un autre.
Creep on creepin’ on explore des contrées encore plus fascinantes. Ce quatrième album se veut plus contemplatif, plus atmosphérique. Contrairement à son précédent album,
Timber Timbre laisse de la place, de la profondeur à la musique. Ici à l’image du titre d’ouverture (
Bad Ritual) la musique respire, marque des moments en suspend comme pour mieux marquer la mémoire de son auditeur. Le temps s’arrête à chaque instant. On est frappé par la profondeur de cette musique, qui a été simplifiée dans sa structure et jusque dans ses notes… Mais quelles notes !
Timber Timbre laisse place à l’épure et se rapproche encore plus de la grâce. Une grâce vénéneuse et contemplative comme le souligne le second titre qui s’enchaine à merveille avec son prédécesseur. A tel point qu’on aurait juré que ces deux titres n’en formaient qu’un. Un titre qui rappelle de par la présence inquiétante des cordes, la noirceur vénéneuse de la bande originale du film
Trouble Everyday signée par les
Tindersticks. Une musique qui continue une décennie après sa sortie, de résonner dans la mémoire de son auditeur.
La musique de
Timber Timbre se veut plus lancinante à l’image de
Black water, où la basse semble marquer des moments d’arrêt à chaque instant. Des instants chaloupés qui soulignent la nonchalance d’une voix moins ouverte moins démonstrative de son art. Ici, il semble que le Canadien se laisse plus aller, il n’y a pas de fard dans cet album. Pas de coups de semonces, pas d’envolés lyriques. Seulement l’âme d’un artiste, qui après quatre albums, se laisse aller et donne à son art tout l’espace nécessaire pour que ce dernier puisse s’exprimer et se déployer vers son auditeur. Il y a plus de folie à l’image de l’introduction de
Woman, un trait d’union entre la ballade soul et le psychédélisme doux dingue des
Flaming lips. Le Canadien a assimilé le patrimoine musical de ses pairs. Ainsi la voix de
Win Butler, les arrangements de cordes et les harmonies si propre à
Arcade Fire habitent à merveille le titre
Lonesome Hunter.
On l’aura compris,
Creep on creepin’ on figure parmi l’un des grands disques de cette année 2011. Une œuvre habitée qui risque de résonner encore de nombreuses années dans la mémoire de son auditeur.