Première fournée du tandem anglais (Dominic Maker et Kai Campos) post-dubstep
Mount Kimbie,
Maybes inaugure admirablement l'univers des deux gaillards. Signé sur label londonien
Hotflush Recordings,
Mount Kimbie poursuit l'exploration du UK Garage lancée par
Scuba,
Kode9 et tant d'autres...
Maybes, le titre éponyme de l'EP, lance la machine
Mount Kimbie. Et de quelle manière ! Une boucle sonore déchirante enveloppe le cerveau. La pensée que vous pouviez avoir il y a 20 secondes se perd dans l'écho hypnotique des nappes aériennes. Mais au lieu de lasser, cette répétition impose un rythme quasi surnaturel qui frappe au coeur. Le morceau vit, implose, broyant et emportant tout sur son passage. Des voix pitchées s'accouplent avec un rythme organique (orgasmique?), pute qui prend au corps. Le tout s'avère cohérent, lumineux et laisse surtout l'agréable sensation de n'avoir jamais entendu pareille musique.
Suit
William. Pépite fragile et timide distillant lentement une ambiance de fin du monde. De construction quasi-similaire à la piste précédente, elle instaure un climat vaporeux à l'ambient glacé et introduit, au terme d'une minute vingt, un rythme techno ralentit et sourd. Les crépitements caverneux s'immiscent en vous, comme la voix lointaine et pourtant intimiste du chanteur.
Mount Kimbie pénètre les profondeurs de l'inconscient, vous submerge d'une mélancolie magnifique. Et ce n'est pas fini puisqu'en bout de course surgit un rythme perché, faisant relâcher l'emprise que Morphée commençait à avoir sur vous.
William vous plongeait dans une torpeur aphrodisiaque ? Le grondement des monstres aériens de la piste suivante vous remuera les trippes. Apparaissent tintements de cloche, de verre, et je ne sais quoi encore, qui contrastent singulièrement avec l'atmosphère sale, opaque, suffocante du morceau. On croirait entendre la danse goguenarde de squelettes perdus entre deux mondes depuis un temps infini. La montée abstract finale de
Vertical, découpée avec une grande précision, accompagne superbement les voix pitchées, susurrées vicieusement. Le titre porte bien son nom. On monte, on monte, on aimerait que ça ne s'arrête jamais.
On aborde à présent le dernier temps de l'EP avec
Taps. Ici, pas de construction en trois temps mais plutôt une ligne directrice poursuivie tout au long du morceau. Entêtant, sombre, doucement déviante, un rythme à la
Mount Kimbie quoi, pas toujours définissable.
C'est la contradiction qui habite cet EP. Toujours sombre et lumineux, lourd et éthéré, caverneux et élégant,
Maybes s'avère magique et dévastateur ! D'une maturité rare, exemplaire pour leur jeune âge. On doit cette qualité à ce souci du détail qui amène les compositions vers une perfection et un sens de l'épure aiguisé. En matière d'electronica ambient, on ne pouvait espérer mieux. Merci !
Chroniqué par
StellaDominique
le 12/05/2011