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Stephan Mathieu

: A Static Place



sortie : 2011
label : 12k
style : Ambient

Tracklist :
01/ Schwarzschild Radius
02/ A Static Place I
03/ Minuet
04/ A Static Place II
05/ Dawn

La parution de Radioland en 2008 a sans doute eu une importance considérable dans la carrière de Stephan Mathieu. Sur cet album, qui fut auréolé de succès dès sa sortie, le sound-designer allemand filtrait les hautes fréquences d'ondes radios au travers de programmes informatiques complexes. Mais malgré ce dispositif technique, quelque peu savant, les compositions de Radioland irradiaient l'auditeur d'une lumière spectrale, le berçant lentement pour le perdre enfin au milieu d'un souffle brumeux, dans une torpeur délicieuse.

On a pu penser à l'époque que l'Allemand était arrivé aussi loin que ses expérimentations le permettaient, c'était se tromper. Sur Radioland, c'était un son qu'il avait découvert plutôt qu'une façon de faire définitive : un son d'une subtile matérialité et d'une magie inexplicable. C'est cette même impression qu'on retrouve aujourd'hui à l'écoute des cinq compositions de A Static Place et de son alter-ego, le monolithique Remain*.

Dans la continuité de Transcriptions, œuvre réalisée en collaboration avec l'américain Taylor Deupree il y a maintenant deux ans, A Static Place se nourrit d'enregistrements antédiluviens et de leur essence secrète que les machines de l'Allemand réussissent à révéler dans un miracle permanent qui est celui, disons le, de la technologie.

Œuvre de la métamorphose plutôt que de la restitution, A Static Place use de programmes de traitement informatique pour faire basculer dans une nouvelle sphère de réalité le son d'authentiques disques 78 tours diffusés par de vieux gramophones. Sur ces enregistrements d'un autre temps: des œuvres de musique classique d'époques et de styles différents qui prennent grâce à l'intervention électronique une forme radicalement différente.

Voilà donc les compositions de A Static Place parcourues par des drones vaporeux, de douces circonvolutions sans cesse mutantes qui sont les derniers vestiges de symphonies morts-vivantes. Partout se joue le mystère de l'indistinct dans ce voyage immersif au cœur d'un maelström de réverbérations et d'échos spectraux dont on arrive jamais vraiment à saisir l'origine. Cet effet de flou présent tout au long de l'album n'est pas pour rien à là fascination qu'il procure.

De la même manière, on pourrait croire que ces pièces sculpturales sont le fruit du hasard, qu'elles sont mues en quelque sorte par une existence autonome comme si Stephan Mathieu avait eu le désir de s'effacer derrière ses créatures pour les laisser se développer d'elles-mêmes. Pourtant je crois, sans en être certain, qu'au contraire, la patte de l'Allemand est sensible à chacun de leurs mouvements, à chacun de leurs reflux soudains. Disons qu'entre le désir de laisser ses compositions respirer et la nécessité de leur donner une vraie forme par une écriture attentive, l'Allemand semble avoir trouver un équilibre salutaire qui fait de A Static Place une œuvre totale et lumineuse, toujours propice à la contemplation.

Au final, voilà deux œuvres totalement singulières, A Static Place et Remain, qui proposent des aller-retours bluffants entre cultures de l’extrême contemporain et médias frappés d’obsolescence, sources sonores datant de la préhistoire de l’enregistrement audiophonique et logiciels de créations ultra-modernes. Leur sortie concomitante marque en cela une nouvelle étape décisive dans la discographie de Stephan Mathieu, le confirmant à la place de choix qu'il occupe dans le champs des musiques électroniques vouées aux ballades dans l'éther.





*A Static Place et Remain ont été créés dans le courant de l'année de 2008 de façon quasiment simultanée pour être publiés conjointement sur le label 12k pour le premier et Line pour le second. Remain a servi de base à la création de A Static Place. Pour le dire rapidement, il offre sur une longue plage de drones une ré-interprétation inédite d'Extended Play, la dernière œuvre du compositeur contemporain Janek Schaefer que Stephan Mathieu connaît bien pour avoir déjà collaboré avec lui par le passé (sur l'album Hidden Name).

Chroniqué par Mickael B.
le 19/04/2011

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