L'attente est une drôle de sensation. Qu'elle permette la montée des désirs ou, lorsque parfois elle se prolonge au-delà du supportable, qu'elle parasite l'épanouissement, empêchant tout (re)commencement, elle vous pousse irrémédiablement dans vos plus profonds retranchements.
Talvihorros, projet expérimental du guitariste
Ben Chatwin , joue, sur ce
Music In Four Movements, avec ce sentiment. Il joue avec nous, et peut-être même s'est-il joué de nous.
Ce serait sur le chemin du retour d’Écosse vers Londres où il réside, à la suite d'une gueule de bois monumentale, couplée à la lecture du puissant bouquin -
La Route - de
Cormac McCarthy, que
Chatwin aurait eu l'idée directrice de ce disque. Retracer en musique les quatre derniers jours de la vie d'inconnus décidés à y mettre fin.
C'est donc sur cette base, morbide s'il en est, qu'il tisse en quatre suites ambient, sombres et intenses, la trame angoissante d'une histoire dont on connait malheureusement le dénouement. Sans suspens, on se retrouve suspendu à ces drones étirés, incapable de retenir ces anonymes qu'un désespoir total pousse inexorablement vers l'abîme. On ne peut qu'attendre une chute que rien ne viendra retarder.
Oui, l'attente est vraiment une drôle de sensation.
Chroniqué par
Yvan
le 12/03/2011