Tiefschwarz, les Tif et Tondu de l'électro allemande, deux frangins de Stuttgart qui œuvrent depuis bientôt quinze ans sur le devant de la scène mondiale. On les avait découverts avec
RAL9005, un premier Lp signé chez
Derrick Carter (
Classic), on les retrouve avec ce
Chocolate, hébergé lui sur
Souvenir leur propre label. Une belle surprise !
Toujours assisté aux manettes de leur compagnon de route,
Philipp Maier aka
Santé, le duo poursuit sa belle échappée aux royaumes de la techno et de la house. Sans choisir réellement de destination finale, ils enchaînent les ambiances, en donnant une place prépondérante aux mélodies, une nouvelle fois accrocheuses et oniriques, véritablement habitées.
"My Soul Is Smoking For You" chante , sur
I Can't Resist, un
Dave Aju qui décidément n'en rate pas une (il faisait déjà un malheur sur le récent
On The Lips de
Coutu-Dumont) : c'est, ma foi, bien résumé ! Voilà en effet un album prenant, qui malgré sa longue durée - une heure et quart montre en main - nous a carrément tenu en haleine. Ni lassitude, ni frustration, contrairement au précédent ,
Eat Books, en demi teinte et plus bordélique. Sur ce coup, nos frères pétards ont, semble-t-il, mis à profit ces cinq ans d'absence.
Plus homogène, ce disque confirme toute leur maestria. Ils jouent à la perfection de l'alternance entre accointances dance et plages plus introspectives, baroques et mystiques par moment, tout en gardant constante cette sensation puissante d'extrême exaltation.
Histoire de prolonger le plaisir, et relever la saveur d'un ensemble qui n'en demandait pas tant, ils vont même jusqu'à essaimer, avec finesse, quelques chausse-trappes organiques. Autant de samples, sporadiques et efficaces : là, clarinettes et xylophone sur le dégingandé
Trust, ici entrelacs de cordes et flûte sur le sublime
Legends.
Tour à tour sombre, enflammé et hypnotique, ce
Chocolate dégage des arômes complexes, suaves et enivrants, gage d'une belle qualité sur laquelle le temps ne devrait avoir aucune prise.
Alors ? Vous en prendrez bien une tablette ?
Chroniqué par
Yvan
le 07/11/2010