Au gré de ses collaborations avec
Jóhann Jóhannsson,
múm,
BJ Nilsen ou encore
Pan Sonic, la violoncelliste
Hildur Guðnadóttir s’est rendue incontournable, et bien au-delà des frontières de l’Islande, son pays natal. Musique classique moderne, ambient, pop ou musique électronique, en effet rien ne lui résiste. Peu de musiciens naviguent entre les genres avec une telle aisance.
Alors que le label
Touch réédite
Mount A, le premier album de la musicienne, l’occasion nous est donnée de revenir sur
Without Sinking, son deuxième et dernier album en date, paru en mars 2009.
De son propre aveu, la musique de
Without Sinking lui a été inspirée par la procession lente et ininterrompue des nuages dans le ciel islandais. De là à dire que
Without Sinking est un album contemplatif, il n’y a qu’un pas.
Avec beaucoup de sobriété, elle esquisse avec son instrument des volutes calmes et parfois menaçantes, qui font apparaître des paysages balayés par des courants d’air glacé (
Elevation, introduction parfaite). Le talent de
Hildur Guðnadóttir est ainsi de faire ressortir toute l’essence dramatique de son instrument avec immensément de retenue et de sensibilité.
Les moments les plus impressionnistes où le silence transparaît et nous prend aux tripes, sont les plus cruciaux de
Without Sinking.
Whiten en est un parfait exemple. Cependant, des passages plus épiques et électrisant en offrent un contraste saisissant. C'est le cas du puissant
Overcast ou de
Into Warmer Air. Là le frottement des cordes se fait plus incisif et est parfois rehaussé par la voix spectrale de
Guðnadóttir elle-même, une guitare électrique, ou encore la basse et les interventions électroniques de
Jóhann Jóhannsson. Le maître islandais est en effet omniprésent au cours de l’album.
Enfin on trouve des morceaux plus intimistes qui laissent un peu en suspens le côté « métaphysique » de l’ensemble.
Aether, l'un d'entre eux, égraine les notes d’une cithare au son d'une clarinette tenue par le père de la violoncelliste. Ce pourrait être anecdotique, mais c'est un morceau très simple, parfaitement réussi, qui nous fait un peu redescendre sur terre le temps de quelques instants.
Pour conclure, voilà donc un album de musique classique moderne total et profond comme l’éther. Le fait que
Hildur Guðnadóttir nous dispense du style « musique de film » au profit de quelque chose de plus personnel et d’original n’est d’ailleurs pas le moindre de ses mérites.