Sur
Bridge Carols,
Ethan Rose et
Laura Gibson célèbrent les douces chimères de l'enfance.
La réunion des deux musiciens n'a rien d'un hasard et pourtant ils proviennent chacun d'univers très différents: la musique d'ambiance pour
Rose et la folk music pour
Gibson. C'est que les deux américains ont tous deux roulé leur bosse sur la scène musicale de Portland dans l'Oregon, région à laquelle ils restent profondément attachés. Mais surtout, nos deux compagnons partagent l'amour des sons et des atmosphères du passé. C'est ce qui réellement transpire ici.
Comme les mélodies d'une boîte à musique détraquée, les compositions d’
Ethan Rose distillent une profonde mélancolie. Certes il est resté fidèle à ses vieux orgues et à son laptop mais il diversifie ici son approche instrumental. Les arrangements apparaissent en fait plus acoustiques qu'électro. La présence de tout un attirail d'instruments (cordes, cuivres, accordéons et autres percussions fantaisistes) y est pour beaucoup.
De son côté,
Laura Gibson se livre à des expériences vocales en roue libre. Ses lignes de chant ont été enregistrées dans la moiteur d’un garage ou, plus exceptionnel encore, au milieu d’une forêt et d’un champ avant d’être recomposées par
Rose. Simple gage poétique me direz-vous? Pas si sûr. Le magnétisme de l’album doit énormément à la présence un peu planante de
Gibson. Qu’elle fredonne comme une enfant distraite des airs de son invention, avec sa voix si particulière, ou au contraire qu’elle reprenne des brides de vers oubliées au fin fond de ses cahiers à spirales, c’est en effet toujours guidé par son imagination et ses sensations les plus spontanées. Ce n’est pas du luxe…
Un seul regret seulement: que nos deux jeunes musiciens se soient trop cantonnés à leur ambient-folk pastoral aux airs de comptines nordiques. Car c'est souvent avec insistance qu'au cours de
Bridge Carols on pense aux fées et aux joyeuses troupes du nord de l'Europe:
Múm,
Under Byen, et dans une moindre mesure
Stina Nordenstam ou encore
Björk. Dommage, on est en terrain connu...Cela dit on ne serait pas étonné de voir grandir cet album au fil des écoutes.