Le dubstep en France est longtemps resté discret : une scène aux contours flous, dont les timides percées se voient chaque fois balayées, quelques heures plus tard dans la soirée, par une sempiternelle drum'n'bass. Quand les foules se déplacent, c'est pour voir
Skream ou
Digital Mystikz ; pas les artistes du cru à qui on a déjà été bien gentil d'accorder l'ouverture. Tout ça a bien changé ces dernières années. Les soirées se sont multipliées de manière exponentielle, son public avec ; le dubstep s'est propagé comme les lésions cutanées sur la gueule d'un lépreux.
Frédéric Garcia, alias
Niveau Zero, fait parti des "activistes" qui ont contribué à cette éruption soudaine. Tandis que les soirées Basement Ltd offrent aux Parisiens l'occasion de voir les fétiches de la scène, Fred propose, avec son collectif SUB:VERSION, d'autres artistes moins traditionnels :
Milanese,
Broken Note,
Drumcorps,
Otto Von Shirach et j'en passe. Pendant ces soirées,
Niveau Zero ne se contente pas d'échauffer le public, il le viole de son dubstep furieusement rentre-dedans. Les EPs qu'il sort sont à l'image de ses prestations live : massifs, dans l'esprit de ce que compose le duo
Broken Note.
Niveau Zero était donc attendu au détour ; j'étais pour le moins impatient d'écouter ce qu'il donnerait en pâture pour son premier album, épreuve dont on peut raisonnablement supposer qu'elle le pousse à y laisser ses tripes.
Quand on pense aux explosions brutales du dubstep, on voit tout de suite les filtres danser sur le synthétiseur pour délivrer du wobble à l'envie.
Niveau Zero n'a pas eu besoin de cet artifice. Les ondes en dent de scie suffisent à réveiller toute la bestialité du genre. Parfois même s'autorise-t-il quelques emprunts au métal hardcore (
Gracilicornis, sorte de
Drumcorps dubstepisé,
In_Sect dopé aux riffs de gratte). Quelques remixes, comme souvent, prétextes à s'entourer des gens dont on apprécie le travail.
Hecq qui revisite
Evil League, et
Broken Note, dont c'est
Niveau Zero qui remixe cette-fois le morceau. Quelques featurings bien sentis évitent au skeud de faire du surplace. Et si la participation de
Ben Sherpa est la première qui saute aux yeux, la performance des deux autres MCs vaut son pesant de cacahuètes.
Si le dubstep de
Niveau Zero est si entraînant, c'est qu'il n'hésite pas à permuter, au plus grand bonheur du public, entre les rythmiques posées qu'on lui connaît et des passages plus techno (
My Dog,
I Believe In...). L'énergie dégagée des productions n'y est pas étrangère non plus, et on ne s'étonne guère de voir le cachet
Ad Noiseam – qui n'ont pas l'habitude de faire dans la dentelle – estampiller la galette. Une des rares raisons qu'ont les Londoniens de s'intéresser à ce qui se passe au delà de la Manche s'appelle désormais
In_Sect.
Chroniqué par
Tehanor
le 11/07/2010
