J'en parlais dans ma précédente
chronique : la nouvelle vague d'abstract hip hop west coast dont
Flying Lotus est devenu le plus célèbre représentant, celle qui a sacrifié le vinyle au profit du numérique et de l'expérimentation. Évidemment, tous n'ont pas suivi cette voie, et pour ceux qui sont restés fidèles à la platine, l'instrumentalisation des compositions semble avoir été le meilleur prétexte pour continuer de faire de l'abstract hip hop après la déferlante des années 95 / 2000.
Wax Tailor l'a peu à peu compris en faisant d'abord entrer dans son projet Marina Quaisse (violoncelle), puis Hélène Cervero (flute) ; surtout, en les invitant sur scène.
Alias s'y est essayé en s'accompagnant du saxophone et de la clarinette d'Ehren Whitney. On pourrait aussi citer
The New Law et Justin Neff au saxophone. Plutôt que de sampler l'instrument, ces DJs choisissent de faire d'un soliste un membre à part entière du projet. Rien de bien nouveau, mais la tendance semble s'ancrer solidement dans les mœurs.
Apewok et
Stab, les deux fondateurs de
Berry Wieght, ont quant à eux jeté leur dévolu sur la clarinette. Leur premier album
Music for Imaginary Movies en est parsemé. Du coup, l'intervention occasionnelle d'Astrid Engberg au chant donne à leur projet un air de
Wax Tailor – au moins pour la forme. Les thèmes, qui n'ont rien d'original, sont néanmoins remarquablement composés. Le scratch est omniprésent. Sorti dix ans plus tôt,
Music for Imaginary Movies aurait sans doute fait mouche. Mais en 2010, alors que les noms de
Fingathing ou
Blockhead évoquent d'anciennes soirées, les bières pas chères et le cendrier renversé, il aura peut-être plus de peine à convaincre un public passé depuis à autre chose. Il n'empêche, la galette est de qualité, le boulot irréprochable. Gardez-lui une petite place dans votre playlist, elle ne peut pas faire de mal.
Chroniqué par
Tehanor
le 02/07/2010