Son album précédent de torride mémoire -
Caliente - avait recueilli suffrages professionnels et publics. On pouvait décemment rêver, qu'après avoir pris le temps de la réflexion, il remette le couvert avec autant de talent. Et bien revoici
Ark, cinq ans après, en plein extase, les yeux au ciel, la pupille un brin dilatée, les commissures bien affutées. De bons augures ma foi, et quelques dizaines de raisons de taper des mains et du pied.
Grosso modo,
Arkpocalypse Now - les calembours aussi sont de retour ! - constitue une séance de rattrapage pour les auditeurs distraits et les copains absents lors des précédentes séances. Dès les premières mesures, on sait à qui on a affaire. Dès le mange-CD chargé, la spontanéité et l'art de la bamboche de l'ex-
Tranquilou font leur doux office. C'est la grande force de
Guillaume Berroyer, dorénavant vieux briscard dans le circuit : avoir su éviter les pièges de l'auto-parodie et les formules aujourd'hui éculées de l'immobilisme électro. Recettes dont certains de ses congénères, ceux de la French Touch canal historique, se sont gavés jusqu'à l'occlusion.
Aller de l'avant, faire du neuf, plus simplement sans se renier pour autant. Bonne pioche !
Ici, tout a encore ce goût fameux de la générosité hédoniste mais aussi la couleur du changement. Même si au passage les assonances R'n'B - clairement une nouveauté chez
Ark - ne sont pas la tonalité dominante qui reste celle de la moiteur funk et de la house...Maximale la house ! Débordante d'éclectisme sonique.
Prenez la voix liquide de
Lippie, une des invités de choix sur cet album, avec
Xanax,
Dr Madd Vibe ou encore
Seb Martel. Associée à la science de l'arrangement fatal du bonhomme, vous obtenez sur
Puince le plus incroyable frotti-frotta pop de la saison à venir. Tout en contorsions lubriques, en ondulations humides (un essai malheureusement pas transformé sur le moins réussi
Sugar Of Brain).
Dans un autre registre, nos amis historiens se pencheront d'avantage sur les réminiscences du passé Arkien que sont
House Of Dead et le génial
Rising, groove robotique et samples de
Nina Simone (
Don't Let Me Be Misunderstood me semble-t-il). Ou quand le blues du Sud rencontre les frimas hypnotiques du Warehouse, dans un incroyable tête à tête tout ce qu'il y a de plus de sensuel.
Beaucoup de générosité, on le répète, de hardiesse aussi, dans cette quête d'originalité incessante, dans l'extraversion de cette musique. D'humilité dans un album dont ne peut douter qu'il soit aussi un hommage à quelques pointures du genre , les ombres des
Knucles,
Clinton ou même du
Love Symbol planant indéniablement autour de cet
Arkpocalypse Now. Et finalement, pas mal d'humanité, on l'aura compris, dans le cœur d'un artiste qui le met tout entier au service de son œuvre.
Beaucoup d'emphase dans ce billet me direz-vous. Mais que voulez-vous ? Quand on tient comme
Ark, tout un monde de frissons, d'exaltation soul fait de folie et d'humour dans quelques machines et ce feeling pas possible, que dire d'autre ? Quelle autre manière d'en parler que de crier à qui voudra l'entendre les louanges d'un tel prodige, d'un gars si...fantArkstique ? Hein, je vous le demande ?
Chroniqué par
Yvan
le 09/06/2010