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Rome Buyce Night

: Ann Arbor



sortie : 2010
label : Zéro égal petit intérieur
style : Post-rock

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Tracklist :
01/ The Red Diag
02/ The Unit Scale of Rock
03/ The Foam Theater
04/ The Multiple Scale(s) of Rock
05/ Deux millions et demi de secondes
06/ Ann Arbor

Entre Rome Buyce Night et dMute, l’histoire est longue. D’abord parce que Jérôme Orsoni, qui officie dans ces colonnes, les a d’abord défendu avec constance, entre chroniques et comptes-rendus de concerts. Les goûts musicaux formant aussi les amitiés et le dialogue, Jérôme a commencé à jouer avec Romain Piégay (batterie) et Guillaume Collet (basse, guitares, synthé, voix) alors qu‘Antoine Ducoin (guitares, flûte) commençait à travailler comme chercheur à l‘université d’Ann Arbor, puis Guillaume est devenu une plume active de dMute. Dernier épisode en date, Jérôme a fini par devenir membre à part entière du groupe, où il tient la guitare.

Dans ce petit récit d’amitié musicale, j’essaie de trouver ma place en tant 1/ qu’amateur fervent (depuis Luminaires) de la musique de Rome Buyce Night, 2/ amateur d'un rock instrumental qui joue la carte d’une musique à la fois sophistiquée et directe, réfléchie et qui cogne, 3/ plumitif ayant noué depuis un moment une relation d’amitié et d’écriture avec Jérôme, autour de Steve Reich, Grails, Tortoise, Sonic Youth : toutes influences qui infusent de près ou de loin dans Ann Arbor, 4/ ami des membres du groupe (et cela, il faut le dire, pour qu‘on ne nous soupçonne pas de complaisance).

La parution d’Ann Arbor, je l’aurais de toute façon saluée, tant la musique de Rome Buyce Night trouve ici une vitesse de croisière nouvelle : rageuse, bruyante, fougueuse. Derrière sa pochette pacifiée, Ann Arbor est un disque tout en puissance, où le son est partout en excès, débordant comme un magma : et quand il s’apaise, c’est pour distiller la mélopée entêtante, chantée et flûtée, d’une berceuse folk (Ann Arbor) ou pour mobiliser l'ombre de Beckett (A Piece of Monologue / Solo, dans Deux millions et demi de secondes) et faire sourdre dans la musique l‘inquiétude d‘un néant auquel le son de Rome Buyce Night, dans son matérialisme résolu, a à se confronter nécessairement. Par exemple, en se constituant dans l’assemblage chaotique et patient d’improvisations enregistrées et retravaillées, où se déjoue l’idée de composition et de musique orientée : la musique de Rome Buyce Night se dirige à vue à l‘intérieur du jeu collectif, obéissant à l’exigence de la pulsation (The Red Diag ou le très afrobeat The Foam Theater), amplifiant son mouvement à mesure que les titres gagnent en durée, tissant des échos d‘un titre à l‘autre (The Unit Scale of Rock, The Multiple Scale(s) of Rock).

Matérialisme, donc. La musique du groupe a de fait pris une tournure beaucoup plus directe et rythmique. Resserrant le son autour de la guitare (qu’elle soit arpégée, martelée en accords obstinés et ostinati dissonants, vaporisée en textures atmosphériques, disséminée en répons et hoquetus, saturée en textures toutes plus rugueuses les unes que les autres, filant sur la brèche entre harmonie et dissonance, basculant sans crier gare d‘un versant à l‘autre) et de la rythmique (la batterie incantatoire, répétant et variant jusqu’à la transe ses motifs, tandis que la basse égraine son phrasé), Rome Buyce Night n’a conservé à ses compositions que le strict nécessaire (et ce mot, il faut l’entendre au sens fort), rehaussé par un discret travail de sonorités et de mise en timbres : petites boucles indécises, sons d’origines synthétiques, bourdonnements. L’essentiel restant, ici, le dialogue des instruments, chacun entretenant un rôle autant mélodique qu’harmonique, rythmique et/ou purement sonore, au point de forger une masse compacte, électrique et vibrionante, où s‘échangent et se superposent les parties de guitares et de basses, en larges aplats autant qu‘en saillies tranchantes. A ce strict nécessaire s’ajoute la part de chaos sonore par quoi cette musique captive immédiatement l’attention : passes bruitistes à la guitare, affolement de larsens tourbillonnant au-dessus de motifs répétitifs, breaks tout en sécheresse et roulements nerveux sur la descente de toms (The Red Diag).

De cette spirale des instruments qui s'échangent indéfiniment et librement statuts et fonctions, les compositions sortent par le haut : toute énergie dehors, hérissée, la musique de Rome Buyce Night ne trouve de répit qu‘une fois atteints les rivages acoustiques, apaisés d‘Ann Arbor. Après un tel déploiement de puissance, ce n’est pas de trop.



Chroniqué par Mathias
le 04/06/2010

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