C'est à Cologne, chez
Treibstoff Recordings, bien loin de leurs bases, que les deux Marseillais,
Jean-Vincent Luccini et
Jean Christophe Hallary signent leur premier album sous leur pseudo respectif
Sarah Goldfarb et
JHK.
Si le premier est dans le circuit depuis plus de quinze ans, on ne sait pas grand chose du second si ce n'est qu'il est un voisin de studio de
Goldfarb. Mais peu importe ici les pedigrees, c'est bien à quatre mains qu'a été confectionné ce superbe
Heartbeat City.
Aujourd'hui exclus volontaires d'une course effrénée au minimalisme qui aura fini par plonger lentement mais surement la dernière décennie techno dans une flaque d'ennui bien opaque, ces deux-là ont su au contraire régaler leur musique de chaleur humaine. Enrôlant ainsi leur mélopées hypnotiques dans un ballet cinématique fait de groove minimal et sophistiqué, ils apportent à de déjà précieux édifices électroniques ce supplément d'âme qui enfonce avec grâce la concurrence.
Et si les ambiances restent volontiers dans la pénombre, l'attrait charnel prend souvent le dessus, illuminant durablement chaque morceau d'une clarté digne des meilleurs films de Michael Mann. Horizons urbains, luminosité de néons, nuits électriques... Ici quelques cuivres (
Jacki, sublime), là des percussions ou quelques effets immersifs, autant d'éclipses soniques orchestrées avec goût et minutie.
Alors, à chaque écoute, les titres s'insinuent, gagnent du terrain jusqu'au climax pour côtoyer la grandeur de quelques esthètes des profondeurs "électroniquées",
Swayzak en tête.
Du bel ouvrage, pictural et mental, évocateur à souhait, comme on les aime. Bravo !
Chroniqué par
Yvan
le 30/04/2010
