L'histoire veut qu'un seul morceau ait suffi à
Kode9, patron du label
Hyperdub, pour repérer tout le potentiel de la jeune Anglaise
Ikonika. Il s'agissait de
Millie, un dubstep atmosphérique qui décolle à coups de wobble, de nappes de synthés et de sonorités 8bit. Quelques minutes qui laissent entrevoir tout le potentiel de sa productrice. La finesse de ses arrangements et son patrimoine musical, typique d'une génération élevée aux jeux vidéos et aux musiques syncopées, en font la parfaite déléguée de classe. S'en suit une apparition sur la compilation
Steppas Delight (
Soul Jazz Records), ou l'adoubement implicite parmi l'armée des plus fines gâchettes en vue. Aujourd'hui, c'est au tour de
Jahcoozi et
Ital Tek de solliciter sa patte pour des remixes. Autant dire qu'elle n'a pas eu besoin de laisser le charme agir trop longtemps.
Si on ressent beaucoup d'influences diverses à l'écoute de cet opus, ce n'est pas pour autant qu'il tombe dans l'écueil du premier album trop fouillis, mal équilibré. Elles sont plutôt bien réparties entre les différents morceaux et conservent une jauge d'impact optimum.
Contact, Love, Want, Have avance par paliers. Un départ orienté IDM truffé de bleeps et de sons 8bit fait place à des plages progressives et atmosphériques, pour clore sur des rythmiques soca dont votre kiné se frottera les mains.
Un chemin pavé de petites pépites avec le planant
Yoshimitshu tout comme l'excellent
R.e.s.o.l, association improbable d'une culture sound system avec des sons de Megadrive, aussi efficace que le tandem Mario + Yoshi. Le très West Coast
Sahara Michael n'est pas qu'une excuse pour sortir nos plus grosses bagouzes. Il intègre très originalement la légèreté du R'n B californien à un univers dubstep plus profond. On ne croise presque aucune parole dans tout ce flot de sons, mis à part quelques samples, mais la traversée se fait tout aussi bien. Alors que
Psoriasis aborde la vague soca, c'est sur l'avant dernier titre que
Ikonika nous résume le mieux son art avec
Look (Final boss stage). Une bombe rythmique avec des synthés qui vous feraient croire que vous venez de terminer Megaman 2. La messe est dite.
L'Anglaise nous livre un premier album qui reflète la culture de toute la génération qui a grandi avec des manettes et des claviers comme quatrième phalange. C'est aussi le sceau générationel du mash up ou foultitude d'univers musicaux, et de sources musicales, sont imbriqués. Un scrapbooking sonore en quelque sorte typique de notre époque. Le tout laisse filtrer une forme de mélancolie, palpable tout au long de l'album. Un chant du signe de l'adolescence qui trouvera écho chez plusieurs d'entre nous.
Chroniqué par
Damien
le 29/04/2010