Trois ans se sont écoulés depuis
Lower Lip Interface. Daniel Myer n'est pas du genre producteur acharné. Pendant que certains de ses collègues livrent un ou deux opus par an, lui affiche une discographie de cinq albums sur douze ans. Et il se passe des choses en l'espace de trois ans. Notamment la vague dubstep qui a déferlé dans le milieu de l'IDM. On peut sentir ses remous affecter des producteurs qui, jusque là, ne s'y étaient jamais intéressés. Je pense notamment à
Hecq pour ses lives ou son
remix de
Millipede. Naturellement, l'IDM d'
Architect, qui a toujours été assez breaké, ne pouvait qu'en être éclaboussé.
Lower Lip Interface était peut-être sorti un poil trop tôt : février 2007, donc composé entre 2005 et 2006 ; l'acoquinement entre dubstep et IDM est encore balbutiant. En revanche avec
Consume Adapt Create, on est en plein dedans.
Architect annonce la couleur dès l'entrée de jeu : cadence dubstep sur
The Bitch Is Back, puis plus tard sur
Fast Lane et
Attack Ships On Fire. Et c'est tout. Si le son d'
Architect prend plutôt bien la sauce, ce n'en restent pas moins des essais, pas les signes d'une subite reconversion. On retrouve donc à côté de ces titres d'autres plus dans le style traditionnel de l'Allemand : rythmiques héritées du big beat, touches indus (
Awake), techno (
Pure) voire même acid (
Unhuman). Deux titres assez inhabituels aussi, dans lesquels Myer propose une drum'n'bass furieuse :
So I Went Out et
The Beauty And The Beat. Sans oublier la grande première : une guitare post-rock, qui fait son apparition sur
Wachsmuth et la reprise française d'
Unhuman.
Un album très éclectique donc, mais qui ne dilue pas pour autant la sensibilité du producteur, clairement reconnaissable. C'est là le point fort de
Consume Adapt Create. Jusque
Lower Lip Interface, l'évolution d'
Architect s'était toujours ressentie à travers la qualité de ses productions seulement, toujours plus grande. Ici, Myer réussit à nous surprendre par ses choix, peut-être pas audacieux, mais plus aventureux qu'à l'accoutumée. Il prouve simplement qu'il peut être capable de digérer n'importe quel mouvement pour en faire du
Architect. Face aux vents le roseau plie mais ne rompt pas.
Chroniqué par
Tehanor
le 04/03/2010