Signé depuis peu par
Matador,
Shearwater revient avec un album encore plus abouti. Une production courte, ne dépassant pas les quarante minutes, mais qui sait captiver son auditeur. Le temps ne semblant plus avoir de prises sur ce dernier.
Shearwater, formé par Jonathan Meiburg et Will Sheff, a des origines texanes. Si le look de métaleux yanky du batteur semble bien le confirmer (dans le genre barbu en débardeur à la
White Zombie), et bien cela en reste là. Le groupe s’inscrit d’avantage dans la mouvance des groupes
pop anglais des années 80/90 avec en tête de gondole nos chers
Talk Talk. Et c’est là que le bas peut blesser. Je déteste les groupe anglais dandy des années 80. Sans doute à cause de la radio de mes parents branchées pendant des années sur une station passant en boucle
It’s my life ou
Such A Shame, hymnes
pop par excellence que je classerai dans le top 10 des musiques les plus laxatives de l’époque. Certes il y a pire,
Go West des
Pet Shop Boys reste le summum en la matière…Mais revenons à l’essentiel.
Shearwater permet de se réconcilier avec le genre, en proposant un travail subtil et profond, qui a le mérite d’installer une certaine dramaturgie. Un album vraiment captivant. Une âme qui s’imprègne au fur et à mesure des écoutes répétées. Un format court qui pousse en moyenne à l’écouter deux fois d’affilé tant il est difficile de décrocher.
Si le précédent album avait un côté un peu grandiloquent,
The Golden Archipelago propose un répertoire plus en retrait.
Corridors ou
Castaways rappelle toutefois cette tendance. Mais le maître mot, demeure la sobriété et la profondeur. A noter, des glissements tout en douceur d’un titre à l’autre. L’album compte de nombreuses montées en puissance à l’image de
Black eyes, un format classique reposant sur la voix forte et profonde de Meiburg et un piano vraiment prenant. A noter des ruptures dans le duo piano/voix (
Hiden Lake, God Made Me, Uniforms, Missing Island) ou guitare/voix (
Meridian, An Insular Life) avec l’arrivée de sons plus originaux comme sur
Landscape at Speed ou
Corridors, marqué par une rythmique plus complexe et une guitare qui évoque le jeu de certains
bluesmen maliens.
Runners Of The Sun inverse aussi la tendance. Ici la musique ne se construit pas exclusivement autour de la voix. Au contraire, son côté
pop sixties, vient alléger le propos, dans un format plus conventionnel, mais vraiment plaisant.
Avec ce nouvel album,
Shearwater joue la carte de la sobriété. Une idée excellente qui donne plus de justesse à leur musique. L'album que je recommande à tous ceux qui souhaitent renouer avec le genre.