Bradford Cox ne cesse de faire preuve de productivité. En l’espace d’une année, le chanteur et guitariste a sorti avec
Deerhunter deux albums (
Weird Era Cont et
Microcastle) ainsi qu’un
ep (
Rainwater Cassette Exchange). Alors quoi de plus logique que de clore ce cycle vertueux en publiant le nouvel album de son projet solo
Atlas Sound ? Digne héritier de
Let The Blind Lead Those Who Can See But Cannot Feel, sorti en février 2008,
Logos prouve que le grand blond aux lunettes noires fait parti de la caste des petits génies qui peuplent cette décennie.
Certes le dernier
ep de
Deerhunter traduisait quelques faiblesses dans le parcours sans faute du groupe d’Atlanta. Logiquement ou non, on ne pouvait que se poser des questions sur cette nouvelle livraison du chanteur en solo. Que nenni, aucun doute sur son avenir,
Atlas Sound vient de proposer un disque lumineux et torturé à l’image de cette pochette montrant le corps meurtri de Cox nimbé de lumière. Une image d’autant plus forte qu’elle illustre en tous points son art de concevoir la musique. Un discours torturé, Cox exposant ses doutes et ses angoisses, celle d’un homme touché dans sa chair ; le tout enveloppé dans un style lumineux voire léger, à mi-chemin entre pop, folk et
ambient. Le titre
Sheila et son refrain “No one wants to die alone” en est la preuve déjà soulignée par bon nombre de chroniqueurs. Plus apaisé et maîtrisé que son prédécesseur,
Logos offre une parfaite symbiose entre ambiances minimalistes, sonorités vaporeuses et aqueuses ; et un vrai talent dans l’art d’écrire les mélodies (
Walkabout avec la présence de
Panda Bear d’
Animal Collective est une illustration des plus réjouissantes). Maîtrisant cet art si particulier de concevoir des univers sonores baignés dans l’éther, Bradford Cox s’associe à la chanteuse
Laetitia Sadier pour nous offrir huit minutes d’un
Quick Canal qui, s’il brille par son côté prenant, lorgne d’avantage du côté de l’univers de
Stereolab que de celui du leader de
Deerhunter. Qu’importe, ce titre est un petit bijou qui ressuscite les fantômes d’un
Massive Attack période
Blue Lines ou
Protection.
Logos prolonge effectivement le travail d’introspection inauguré par le premier album d’Atlas Sound. Mais une chose est sûre, depuis la sortie de son premier album solo : le jeune Bradford Cox vient de passer un cap significatif dans sa carrière. Ce dernier n’a pas son pareil pour imaginer des atmosphères qui semblent vous couper du reste du monde. Un disque à classer parmi les meilleurs livraisons de cette fin d'année.