I don't care what the people say
I'm a piece of shit, I'ma live my life this way
I'm a total fuck up, my whole album sucks
Certains artistes n’ont pas besoin de faire une tonne de publicité pour qu’une moindre de leur sortie (en l’occurrence un best of) suscite l’intérêt. C’est le cas de R.A.The Rugged Man, artiste phare du rap underground de la côte-est actuelle, cette scène fourre-tout qui ne veut rien dire et qui englobe tout et n’importe quoi, passant de l’anecdotique surcoté (Tragedy Khadafi, Vinnie Paz, ce genre de sans-gênes) aux talentueux Aesop Rock et autres MC Dälek. Enfin, classer le rap par région n’a plus aucun sens de nos jours, surtout aux États-Unis, ce pays sans Histoire. Toujours est-il que R.A.The Rugged Man est du bon côté du panier, une écoute furtive de n’importe lequel de ses couplets suffirait à s’en rendre compte.
Avec une carrière sciemment foirée et commencée dès le début des années 90 (sa période Crustified Dibbs), R.A. est une sorte de Marc-Edouard Nabe du rap, s’infligeant multiples flingages médiatiques dès ses premières sorties. Je ne vais pas détailler sa biographie ici, mais il y a de quoi se marrer.
I was used to have no cash, I got gat
White trash, why they wanna sign my ass?
'92 the whole industry was on my dick
I signed to Jive Records, and fucked up the whole shit
Une trajectoire en parfaite adéquation avec le personnage, pas carriériste pour deux ronds (du moins jusqu’alors), il y a malheureusement assez peu de pièces matérielles (par rapport à plus de 15 ans de carrière) où le first white pornographic rhymer apparaît seul.
I ain't down to sign autographs and shake ya hands
I don't want trendy ass followers as fans
I don't wanna sell records, I don't wanna be big
I don't want MTV runnin' up in my crib
I don't wanna be light in the music biz
I don't want fans that don't know who G Rap is
Pourtant, l’album de R.A. The Rugged Man existe bel et bien, et il est sorti en 2004, Die, Rugged Man, Die, qui n’est pas un grand disque mais qui résume parfaitement le « R.A. spirit », sorte de terrain vague boueux où il est irrésistible. Trouver les beats de Die, Rugged Man, Die, « léger » (style Dumb), relève de la même bêtise que de trouver Necro « super fort mais un poil trop vulgaire et misogyne » par exemple. De cet album, vous ne trouverez aucun morceau dans Legendary Classics Vol.1. Pas un seul titre du seul album solo officiel du rappeur, de quoi ce best-of est-il fait ? Et bien de collaborations à droite à gauche (« lost, rare and unreleased »), et de deux malheureux titres issus du premier album non officiel de R.A., Night Of The Bloody Apes (1994, enregistré sous le nom de Crustified Dibbs), qui malgré sa qualité de son dégueulasse, contient son lot de tueries. Seuls Cunt Renaissance avec Biggie et le classique Every Record Label Sucks Dick apparaissent ici. En contre partie, on trouve des featurings un titre sur deux, dont celui avec son idole Kool G Rap sur Kingz, ou ses deux récents classic verse sur Uncommon Valor et Renaissance 2.0. Quelques valeurs sûres donc, avec encore ce 12" de 1996, 50,000 heads avec Sadat X et Smithhaven Mall. Des titres réellement plaisant à réécouter pour les fans. Mais où sont les Walking Down the Street With My Nuts In My Hand ? Les I Should’a Never, les Break Down The Walls, Hold Fort ? Bottom Feeders ? Drink Specials ? Les réclamations d’après-coup sont certes faciles, mais il faut bien avouer que les inédits de ce best-of, tout en restant sympathiques, ne font pas sauter au plafond, et qu’à ce moment là, autant faire sa sélection perso à moindre frais.
A force de traîner avec une bande d’incapable, R.A. The Rugged Man finit par sortir de faux best-of, sur de faux labels, alors qu’il est incontestablement l’un des rappeurs les plus doués de sa génération, personnage burlesque au talent sans pareil. Un disque sans réel intérêt pour les amateurs du rappeur (si ce n’est d’avoir accès aux bonus tels que des lives, clips et interviews qu’offre le DVD accompagnant le cd), et qui confirme que les best-of, ça sert à rien, si ce n’est ramasser quelques talbins.
Chroniqué par
Lebowski
le 30/10/2009