Avec
God Is Good,
OM livre un nouvel opus, et pas des moindres puisqu’il s’agit du plus abouti après l’excellent
Conference Of The Birds, publié en 2006. A mi-chemin entre le
stoner et le hard rock psychédélique, le duo est passé maître dans l’art d’installer des climats mystiques et obsédants. Un exercice de style et une véritable prouesse quand on voit que d’autres groupes à l’image d’
Isis et leur post-métal sont franchement tombés dans la caricature en livrant une musique insipide et grotesque.
Si la discographie du groupe ne recèle pas autant de chefs-d’œuvre que d’albums publiés, on peut même parler de certains ratages, ce nouvel album marque nombre d’évolutions dans le son du groupe. Le plus significatif est le changement de line-up. Un comble, quand on sait que
OM se limite à la simple présence d’un bassiste chanteur et d’un batteur. Après le départ de Chris Hakius à la batterie, on aurait pu croire le groupe définitivement enterré. Mais l’arrivée du batteur de
Grails (Emil Amos) vient changer la donne et donner de nouvelles impulsions à ce duo qu’il forme avec le bassiste Al Cisnesos. En effet, malgré une production signé
Steve Albini,
God Is Good, fait étalage de nombreuses richesses.
Empreintant la forme au hard rock et au
stoner, le groupe nous livre une musique en forme d’OVNI en proposant un répertoire d’une quiétude toute sauf malsaine. Une musique, qui, à l’image de
Grails dans ses dernières productions, fait le grand écart entre rock instrumental et musique orientale. Un résultat à l’opposé de ce qu’on peut attendre de ce genre de répertoire. Les compositions certes marquées par des montées en puissances ne sont pas animées par l’agressivité. Les climats sont au contraire propices à la méditation et à la contemplation. A ce titre, cet album se trouve d’avantage inspiré par des ambiances venues directement du Tibet et du Moyen-Orient. Ce constat est flagrant tant par le chant (digne du shamanisme) que par l’utilisation d’instruments additionnels (tamboura, flûte, cithare, violon, melotron, guitare…). Certes, changement de batteur et production signée
Steve Albini obligent, la frappe au marteau piqueur est dorénavant de rigueur. Toutefois, il ne s’agit jamais d’un « bourrinage de métaleux». La voix, à l’image de la batterie est plus directe. Fini les effets de réverbération, place à la voix brute. Un traitement qui éloigne un peu plus cette album de
Conference Of The Birds, avec ses divagations dignes du
Pink Floyd dans
More et
A Saucerful Of Secrets. La basse, quant à elle, est toujours aussi hypnotique avec son
fuzz si caractéristique et son travail sur les mélodies. A l’opposé, l’utilisation d’instruments additionnels donnent d’avantage de légèreté et souligne l’intensité poétique de la musique de
OM. Les titres
Thebes et
Cremation Ghat II, en sont les plus belles démonstrations.
La construction de cet album ne déroge pas à la règle pour ce qui est de
OM : il s’agit d’une forme imposée par le format que le groupe affectionne, le vinyle. Un album court, trente-quatre minutes, avec deux séries de titres par face. Mais quand un album est d’une aussi grande qualité, on se contente d’apprécier en se le repassant en boucle.
