Les
Fuck Buttons sont de retour, avec la lourde tâche de nous faire oublier leur premier opus
Street Horsing, génial amas extra-terrestre de musiques en fusion. Pour ce faire, il s'adjoignent les talents d'un des pionniers de l'électro anglaise,
Andrew Wheaterall, qui remplace donc
John Cummings (
Mogwaï) aux manettes. Banco !
Ce nouvel album du duo,
Tarot Sport, est tout à la fois marqué d'un changement conséquent, en terme de composition - écriture plus aboutie, absence du "chant" (!) - et de son - rythmique plus présente, mélodie chiadée, ambiance plus posée. Mais aussi par des clins d'oeil au passé, la
Weatherall Touch en quelque sorte.
Malgré sa production on ne peut plus actuelle, ce disque parvient à faire remonter, avec délicatesse, des images qui font chaud au cœur : l'enchaînement
The Lisbon Maru/Olympian nous parle un peu du Madchester de la fin des années quatre-vingt avec cette rythmique un brin baggy et ces volutes sonores électrifiées, sur
Rough Steez, titre éperdument envoûtant, c'est du
Ride de
Nowhere dont il est question, avec ces guitares en nappes d'échos fantomatiques.
Après, on retrouve bien sûr, la patte du duo avec sa machinerie à acouphènes, mur de saturation sonique, morceaux-fleuve aériens - une heure en sept morceaux - obsession psychédélique, profondeur harmonique (l'introductif et monumental
Surf Solar en est une belle synthèse).
Et surtout des choix artistiques forts, assortis d'orientations tranchées. On l'a dit un album à cent pour cent instrumental, exit les cris de possédés et les rythmes de transe ethnique, bonjour l'envie de danser, oui carrément, et bienvenue les embardées progressives (apothéose finale avec
Space Mountain et
Flight Of The Feathered Serpent) , en équilibre entre techno, electronica vibrante et shoegaze halluciné,
My Bloody Valentine en bordée avec
Boards Of Canada, rien que ça.
Étrangement, l'apport de
Weatherall, producteur électro s'il en est, aura permi de renforcer l'aspect rock et compact de cet album, sans pour autant condamner son côté plus planant et immatériel. A l'instar de ce qu'il avait pu faire avec son acolyte
Keith Tenniswood au sein des
Two Lone Swordsmen sur l'inquiétant et poisseux
From The Double Gone Chapel.
Un haut patronage, qui plus qu'un surplus de crédibilité, aura permis aux
Fuck Buttons de passer à la vitesse supérieure, d'une part en transcendant leurs acquis et d'autres part en leur offrant des perspectives d'avenir faramineuses.
Tarot Sport, une sortie qui devrait figurer dans pas mal de palmarès de fin d'année, pas besoin de savoir tirer les cartes pour s'avancer là-dessus.
Chroniqué par
Yvan
le 23/10/2009