Pestilence est le dernier album du dérangé
Jak Progresso, un CD-R qu’écouteront quelques dizaines de pèlerins égarés ou amateurs d’horrorcore de longue date. Une pochette prenant les trois-quarts du budget (regardez moi ce lettrage sentant bon le black metal ukrainien), une distribution uniquement assurée par Johnny23 (le label de
Progresso et
LoDeck) et donc trouvable via leur site seulement,
Pestilence n’est sûrement pas l’album par lequel les néophytes vont découvrir le bonhomme.
Car ne bénéficiant pas d’une distribution égale à celle de l’excellent
Random Violence, ceci s’ajoutant à l’omerta dont il est victime sur la toile, beaucoup risquent de passer à côté de l’un des meilleurs albums hip-hop de l'année (heureusement, dMute est là). Voire tout simplement de l’album le plus abouti du rappeur, après une bonne dizaine d’essais obscurs que seuls quelques acharnés ont pu trouver du premier au dernier. Une discographie inchiffrable, quand on sait qu’il y a quelques temps le bonhomme enregistrait deux à trois albums par semaines, mixtapes artisanales à la qualité d’enregistrement douteuse qu’il délivrait au hasard d’une boite aux lettres à portée de bras.
Et pourtant, ce
Pestilence a beau être un CD-R, il sonne propre, bénéficiant surement de meilleures conditions d’enregistrements, plus qu’à l’accoutumée sur les disques de
Progresso, tout en conservant ce son glauque comme la mort.
Comment définir l’univers de
Jak Progresso ? Une sorte de Hunter S.Thompson sous acide dans un monde à la Romero : je vous laisse deviner la gueule des trips. Seize titres éprouvants, alternants sons totalement triturés et d’autres plus mélodieux.
Jak Progresso n’est certes pas un garçon à qui on confierait ses gosses, mais c’est un rappeur jouant dans une catégorie à part, indéfinissable, une voie qu’avait entrouverte également
Warcloud à sa grande époque…
Chroniqué par
Lebowski
le 01/09/2009