L’américain
William Basinski, sorte d’éminence grise de la musique contemporaine, nous gratifie cette année de vieux enregistrements datant de 1982. Étrange démarche, venant d’un insatiable aventurier de la boucle à qui l’on doit, entre autres, les manifestes ambient que sont les
Disintegration Loops. Sur les morceaux fleuves, que renferme cette compilation d’inédits nommée
92982, seul le dernier d’entre eux sort tout juste du garage. Il réutilise en fait le même matériel sonore, les mêmes bandes audio que les trois premières productions, et se contente donc d’en faire une mise à jour plus ou moins habile. Vu sous cet angle là, on aurait presque envie de passer son chemin !
Pourtant, les enregistrements présents sur
92982, quasi-primitifs dans l’œuvre de
Basinski, remplissent parfaitement leur office, même si il est évident qu’ils ne vont pas bouleverser l’humanité, ni même éclairer d’un jour nouveau le cheminement stylistique de leur auteur. Constitués d’une multitude de boucles au piano, au violon, et de nappes de synthé enchevêtrées les unes aux autres avec une subtilité rare, les morceaux de
92982 annoncent ce qui est l’éternelle marque de fabrique de l’américain.
Seul le second morceau arrive véritablement à surprendre grâce à ses samples urbains omniprésents, parfois envahissants, qui lui confèrent cependant un charme étrange et attachant. Imaginez donc : il pourrait s’agir là de la version ambient du célèbre
City life de
Steve Reich !
92982 a par ailleurs l’avantage de nous faire patienter jusqu’au prochain album de
Basinski, que l’on espère placé sous de meilleurs hospices... L’ombre de l’américain, quant à elle, semble s'étendre sur le champ des productions actuelles, preuve de l’influence pérenne de son œuvre qui est à découvrir absolument !