Mos Def

L’apôtre du hip hop bien pensant afro-américain sort un disque. Nous sommes en 2009, la scène hip hop nous emmerde plus que jamais, même Dälek nous aura déçu, et voilà que Mos Def, pointure Baby Shaq, revient l’air de rien, après 3 ans de disette, comme un cancer après la chimio, avec The Ecstatic. (Downtown Records, label récent, Spank Rock, Gnarls Barkley pour la scène rap).

Mos Def, ça rap bien, ça en impose, ça parle de Katrina, de lutte sociale, des Black People, ça chante en espagnol, tout ça on sait (pour l’espagnol on savait pas mais on maintenant au saura). Voilà pour la partie très utile "études de textes par le Dude". Enfin, qui dit que j’suis bilingue. J’ai rien vu, mais je le jure !

Pour les musiques, pas d'affolemment : on prend son Madlib, on lui demande des beats plus ou moins récents, il vous sort de son avant dernier volume des Beat Konducta 2 beats made-in-Bollywood, pour la sauce curry du disque. Madlib, du recyclage ? Mais non voyons, autant que ses sons servent et qu’un mec de la trempe de Mos Def chante dessus. Car ne l’oublions pas, Mos Def est un mec éclectique, extatique, un MC qui écoute pleins de trucs différents, un mec cool qui met des casquettes de vieux et des imperméables gris, et qui chantonne même sur ses disques.
Le frangin Woodrow, Oh No est également de la partie pour l’intro, une balle perdue, toujours, qui lance bien le disque.
Et pour être toujours plus cool, tel un rituel depuis février 2006, on fout un beat de J.Dilla en hommage. Car lui aussi c’était un mec cool le Jay Dee. Bon ok, sa mort lui a attribué un talent surdimensionné par rapport à ses compositions mais il était cool (ça c’était le passage dégonflons les baudruches). Et puis le son est gentillet, une boucle pas trop tape sur les nerfs en plus, non, du tout. Et puis Talib Kweli sur le featuring. Forcément, Dilla/Tweli, un doublé de bons à quedal (oui j'abuse).
Vu qu’il faut bien rendre hommage au label officiel des mecs cool (Stones Throw, des mecs super gentils, bien comme il faut), on invite la petite dernière du label, Georgia Anne Muldrow, le temps d’un titre, du piano, du chant, tout ça. Elle chante bien.
Slick Rick le Ruler sur la trois. 44 ans: va falloir s’y habituer, à ces rappeurs quadra (GZA, KRS One...), le hip hop vieillit, les rappeurs aussi ! Et tant mieux!

Mais à la lecture de ces lignes, vous vous direz certainement "mais, c’est du hip hop de fainéant ça ?! Où qu’elle est la grosse brouette et les mecs burnés ?". Exact. Mais c’est Mos Def dont il est question, un mec doué dans son genre, cool ET doué, c’est pas Kanye West quoi, et qui pour son quatrième solo confirme son talent, après un True Magic beaucoup décrié et qui pourtant était tout bon à 2-3 fautes de goûts prêt (qu’est ce que c’était que cette reprise de Liquid Swords ?!), un New Danger dynamique et rageur (certainement sa plus grande réussite), sans parler du Black On Both Sides qui aura fait jouir plus d’un puriste (autrement dit pas moi) mais qui restera son œuvre majeur pour un long moment (et une référence malgré tout).

The Ecstatic est dans la parfaite lignée de ces albums précédemment cités, le temps de BOBS date d’il y a 10 ans, que les puristes sortent du bois et écoutent ce que Mos Def nous a pondu, ça vaut au moins l’écoute, et un téléchargement, c’est gratuit.