Il faut de l’autodérision pour nommer son premier disque – disponible sur Jamendo –
Amateur.
Sylvain Chuzeville allume son Mac à ses heures perdues et, avec les moyens du bord, enregistre ses compositions. Or, on en connaît d’autres qui, sans plus de moyens mais moins de talent, ne manquent pas d’ambition et de prétention.
Exercice de style. Comment enregistrer de la musique avec des moyens aussi rudimentaires et dans un genre où les grosses productions ne manquent pas ? Avec autodérision. On se moque ici de la pauvreté de certaines boucles, de la faiblesse de tel ou tel titre. L’amateurisme de l’album est plus qu’assumé : c’est une composante même de son intérêt. Que ce soit sur
A Glimpse Of A Rainbow ou sur
Something To Remember Me By, l’instrumentation est éhontément eighties. Les réverbes sont prédominantes, les lignes rythmiques rappellent celles d’UB40 ou de
The Love Cats des Cure. Kitsch. Mais n’empêche.
On retient que, dans ce créneau de la chanson pop eighties,
The Librarian tient la route et sait même proposer de jolies comptines : la conduite de
Douglas Fear ne peut que nous faire penser à la naïveté d’un
Orouni.
Mais l’intérêt d’
Amateur n’est pas là. Ou que résiduellement. La grosse réussite de l’album est sans aucun doute
Les grands yeux. Qui aurait osé pasticher dans un seul et même morceau
Les mots bleus de
Christophe et la
sexualité de
Sébastien Tellier ?
Sylvain Chuzeville.
Elle ouvre de grands yeux
Sur les murs de la gare
Elle est contente
Car elle n’a plus de bouton
(…)
Elle ouvre de grands yeux
Collée à son poteau
Elle est contente car on l’a prise en photo
Personne n’a jamais vu ses pieds,
Personne ne la connaît.
Elle a sûrement changé.
Je ne veux pas la connaître
Je ne veux plus la voir
Je veux rentrer chez moiTout simplement excellent!
L'album est disponible ici :
Jamendo
Chroniqué par
Igor
le 16/03/2009