Après avoir signé un
Mister Beast, ayant suscité la polémique parmi ses fans les plus chevronnés, le groupe emblématique de la scène post rock vient de publier à la fin de l’année 2008, son nouvel album au nom et à la pochette des plus évocateurs :
The Hawk Is Howling.
Mogwai n’est pas un groupe de virtuoses, mais une formation proposant un véritable travail d’orfèvre en matière d’ambiance sonore, ce qui a, sans conteste, érigé depuis plus de dix ans, ces joyeux écossais forts en caractère, en référence écrasante de la scène post rock internationale. Toutefois, leur précédent album laissait penser que le groupe manifestait bel et bien de vrais signes de fatigue en ce domaine. Laissant place à de véritables débordements d’énergie, le groupe arrivait avec beaucoup de peine à installer un minimum d’âme dans leur composition. Un comble.
Cet album précédé de nombreux projets dont une très bonne bande originale du film consacré à
Zidane (de quoi vous faire regarder un match de ligue 2 avec émotion), marque le retour aux longues plages instrumentales ainsi qu’aux voyages intérieurs. Le groupe propose un vaste éventail de son savoir-faire en alternant, longs morceaux aux rythmiques éthérés et métronomiques (
Danphe and The Brain, Local Authority, Thank You Space Expert), art de la montée en puissance (
I Love you, I'm Going To Blow Up Your School), mur de sons (
Bat Cat), travail sur les tensions si caractéristiques au groupe (
The Precipice) et longue plage rêveuse (
Kings Meadow). Contrairement à toute attente, le groupe revient dans une approche plus simpliste de ses compositions. Un remède imparable tant ces derniers ont retrouvé une extrême limpidité dans leur propos. La magie certes s’installe avec un peu de méfiance au début (quand cela va-t-il se gâter ?), mais pour notre plus grand plaisir, elle semble s’être nichée en des hauteurs inébranlables.
Le groupe offre d’avantage à ses auditeurs en introduisant de nouvelles perspectives avec des titres tels
The Sun Smells Too Loud, qui contrairement, à ce qu’évoque son titre, se caractérise par une extrême légèreté. En contrepoint à une batterie lourde marquée par un jeu basée sur les tomes,
Mogwai oppose la simplicité de claviers aériens pour certains, lourds et organiques pour d’autres. Les guitares, contrairement aux pratiques du groupe depuis son premier et cultissime album
Young Team sont plus qu’en retrait. Elles ne sont là que pour intervenir sous la forme d’un gimmick musical, aussi efficace que bref. Cette pratique se retrouve notamment avec l’excellent titre
Scotland's Shame, dont la lourdeur et l’intensité s’installent avec subtilité.
Certes,
The Hawk Is Howling ne révolutionne pas complètement le son du groupe acquis depuis la publication de leur premier album, mais il est important de souligner que ce dernier introduit à merveille de nouvelles perspectives. Il rappelle à quel point la longévité de ce groupe repose essentiellement dans la capacité à tenter de nouvelles choses, au risque parfois de se brûler les ailes. Depuis ses débuts, le groupe de Glasgow n’a eu de cesse de faire évoluer son vocabulaire, de
Young Team, à
Mister Beast, en passant par
C.O.D.Y. et
Happy Songs For Happy People. Une démarche rare dans la discographie d’un groupe de post rock, et difficile à envisager tant l’exercice est périlleux. Et quand l’un des créateurs du genre est à l’initiative de cette démarche, on ne peut que la respecter.