Les techniques de production ne cessent de s'améliorer. La plupart poursuivent ce même objectif : un son puissant, qui sonnera plus couillu que l'album du voisin. Comme toute tendance dominante a son lot de réfractaires, l'ingénierie sonore n'échappe pas à la règle. On pense au charme des vieux amplis crachotant, aux sons 8-bit, aux craquements de vinyles vénérés en abstract hip-hop. On pense aussi à la musique noise, où certains se définissent plus comme des sculpteurs sonores que comme des musiciens.
Pour Christian Gabel, c'est un hasard qui l'a amené à accorder autant d'importance à la texture de ses productions. Au départ, une simple envie de débrouiller seul.
"Je fais de la musique depuis longtemps, explique-t-il,
mais mes anciens disques ont toujours été produits par d'autres. Ça n'a vraiment rien à voir. Je me suis donc posé avec un vieux magnétophone Tandberg 64, et j'ai commencé à enregistrer des fragments et des esquisses pour mes chansons." Le suédois s'est vite rendu compte à quel point le fait d'utiliser un appareil vieux de 50 ans pouvait conférer un aspect unique à ses compositions. "
L'alimentation instable de la bande et la distorsion définissent le caractère de la musique, et beaucoup d'idées de morceaux vinrent de ce son spécial."
Gabel nomme ses productions au grès de ce à quoi elles lui font penser : le cinéma, la photo ou la musique du début du XXème siècle. De là à baptiser son projet
1900, il n'y avait qu'un pas. Notre bonhomme ne se reconnaît aucune influence. D'ailleurs, son travail n'a aucune temporalité. Il dépoussière de vieux enregistrements auquel il apporte une touche personnelle : la sienne et celle des cinq autres musiciens qui l'accompagnent. Toutes les familles d'instruments sont représentées : cordes frottées, grattées, frappées, instruments à vent et percussions. Le résultat est touchant ; il a ce petit quelque chose qui peut faire le charme des pièces d'
Erik Satie ou de
Yann Tiersen.
Comprenez-bien,
1900 ne s'attife pas de pets de vinyles juste pour se donner un côté oldschool. Il existe un véritable effort pour faire dialoguer vieux samples et parties contemporaines. Les uns n'ont jamais raison des autres, et l'on n'est jamais à l'abri d'un déraillement, qu'il soit volontaire ou non. "
Le hasard a joué un rôle important" avoue Christian Gabel.
Jag Har Hört Om En Stad Ovan Molnen est représentatif de son travail. Pour le composer, le suédois s'est servi d'un disque que sa mère enregistra avec sa tante lorsqu'elle avait 7 ans. "
J'ai accompagné leur vieil hymne religieux d'orgues, et ce fut la dernière chanson à compléter l'album. J'ai alors senti qu'il était fini."
Chroniqué par
Tehanor
le 24/12/2008