Pour certains individus atrabilaires, la musique ne se porterait que mieux sous l'égide du tangible et de la transparence. Ce serait mieux en somme en y raccrochant des visages, des itinéraires fléchés, des repères et des raccourcis creusées d'empreintes. Ils s'imagineront sans doute les Allemands
Arne Schaffhausen et
Wayan Raabe retranchés chez eux avec leurs machines, occupés pour des années à dresser les contours chiadés d'autres univers à explorer. Et si ces tristes mines avaient, avec leurs aprioris tout pourris, le début d'une introduction au sujet
Extrawelt. Manquait plus que ça.
Pourtant, on a beau retourner la proposition dans tous les sens, ces cons-là ont raison. Notre duo ne donne pas dans la surexposition médiatique et ce nouvel opus est le fruit d'une longue gestation, une série de titres d'une qualité remarquable, tirée à quatre épingles.
Comme
Minilogue leurs voisins de label (
Cocoon Recordings),
Extrawelt étend son aire d'attraction d'une minimal somatique autant que dansante vers les tréfonds d'une techno plus introspective, obscure et envoûtante. Le tout avec une facilité tout aussi déstabilisante que chez les Suédois.
Des sonorités deep lorgnant vers l'electro-dub, un fond drum plus présent étant quelques partis pris artistiques différenciant
Schöne Neue d'
Animals. L'autre choix tactique divergeant - et non des moindres - étant qu'
Arne et
Wayan ont choisi eux d'échantillonner, peser les pour, les contres, patiemment, là où les Nordiques donnaient dans le pléthorique en doublant leur album. Une restriction (douze titres tout de même) qui n'entâchera aucunement l'éclectisme de l'ensemble. Et on peut d'ores et déjà tabler à ce sujet sur une réussite.
Pour le reste, qu'il s'agisse de ce balancement maîtrisé entre mouvement dance (
Added Planed et sa trance psyché, rampante et sombre ou l'invitation V.I.P. au club de
Messy Machinery) et oscillations plus expérimentales (le génial
Lost In Willaura ou l'iconoclaste et presque flippant
Daten Raten) mais aussi, en terme de production, de cette combinaison de préciosité et d'efficacité dynamique - un concept cher au gourou du "Cocon"
Sven Väth -, rien n'y fait. L'ensemble, certes superbement agencé, ne parviendra malheureusement pas à nous faire décoller du simple dodelinement, même si les attaques successives de titres plus bondissants (
Wippsteert ou l'enchaînement du martial
Must Attack et du corrosif
Trummerfeld) auront des effets lourds de conséquences sur nos vertèbres.
Alors, on ne parlera ni d'échec - trop exagéré et violent - ni de demi réussite - bien trop mesquin -, étant donné qu'en fin de compte on en attendait pas non plus des mille et des cents. Le job est fait et de très belle façon. C'est tout et pour le coup, plutôt une bonne nouvelle. Et ce malgré une victoire inattendue des sinistres sires. Comme quoi !
Chroniqué par
Yvan
le 21/12/2008