Save Your Light For Darker Days : que veulent nous dire
Digitonal avec le titre de leur dernier album ? S'agit-il de nous prémunir d'une aire prochaine d'obscurantisme musical ? À écouter la galette, on a peine à y croire. Le syncrétisme qu’il opère entre musique classique et électronique pourrait certes avoir de telles prétentions, mais l’album transpire la modestie ; on est loin de la grandiloquence dont fait preuve
Venetian Snares pour s’adonner au même genre d’exercice. Cette injonction n’a peut-être finalement d’autre finalité que de nous appeler à rêver. Si on évacue l’aspect prophétique de la chose, il ne nous reste plus qu’à aller chercher dans le lyrisme que revêt l’imaginaire nocturne. Après tout, c’est ce vers quoi tend la pochette.
Les jours sombres de
Digitonal doivent se perdre dans un hiver polaire, là où le soleil perce timidement l’horizon et se couche aussitôt. La musique s’y prête bien ; l’électronique s’y déguste froide. Elle rappelle beaucoup, à ce titre,
Le Fumeur de Ciel de
Julien Neto. Ce n’est pas un hasard si les deux albums se parent d'icônes à la gloire de la nuit. Mais si
Julien Neto nous livre une poésie assez austère,
Digitonal lui préfère la grâce des mélopées acoustiques. C'est ce qui fait le charme du modern classical. L'orchestration y gagne un coup de jeune ; l'électronique y trouve du coeur ; l'agencement est comme du roquefort, fort et fondant à la fois.
Save Your Light For Darker Days est un mobile dans lequel les figurines ont été remplacées : la baleine par une harpe, la pieuvre par une clarinette, les poissons par un chœur de violons. Il plonge l'auditeur dans une douce torpeur, le berce, l'endort, et constitue sûrement de la sorte cette dernière lumière, vers des jours plus sombres.
Chroniqué par
Tehanor
le 11/10/2008