Après la mise en bouche
Fair Weather Friends, maxi sorti à l'automne 2007, voici enfin la révolution dancefloor de
Daedelus en long format, le bien nommé
Love to Make Music to. Un jeu de mot qui en dit long sur son contenu qui, à défaut d'être de la musique pour film érotique, se veut sensuel et débauché. Après des années à nous faire rêver, le nouveau défi de Sir
Alfred Weisberg-Roberts est de nous faire danser. Même si cela implique de lorgner fortement vers des territoires jusque là inexplorés par lui, le monde de la dance music, de la house et du r'n'b.
Le disque s'ouvre sur
Fair Weather Friends, présent sur le précédent maxi (comme
My Beau), hymne festif aux voix scandées, aux handclaps omniprésents et aux couleurs bonbons, qui donne tout de suite le ton de l'album : les accents putassiers sont assumés, on est là pour rigoler et bouger son popotin. Dans la même veine, le très enjoué
Get off your Hihats nous fout la banane, à grand renfort de cowbells et autres percussions jouées sur un rythme épileptique. On est enthousiasmé par les hybrides hip-hop / r'n'b
Twist the Kids,
Touchstone et
Bass in it aux groove deep, malicieux et hypnotique. Le nouveau
Daedelus se veut plus minimaliste, mais aussi très industriel et moderne.
Mais ce nouvel album, semble-t-il est aussi l'occasion pour lui de prouver à ses auditeurs qu'il peut se montrer bourrin quand il veut. Preuve en est le jubilatoire et destroy
Hrs:Mins:Secs, qui charcute votre tympan avec maestria et inspiration. Un grand moment. Moins explosifs mais tout aussi agressifs,
I Took Two et
If We Should et leur assise techno font monter la pression d'un cran et déversent sur le dancefloor de gros kicks assortis de fulgurances acides.
Tout d'un coup, on se retrouve projeté des années en arrière, à l'époque de
Of Snowdonia ou
Exquisite Corpse. La délicate balade
You're the One renoue avec les vieux samples poussiéreux, leur accent jazzy et leur charme très romantique. Avec comme raccord avec le présent disque, un chant qui copine avec la soul et le r'n'b. De la même manière,
Drummery Jam semble renvoyer directement aux délires jazz ludiques de
The Weather, comme la samba électronique de
Only for the Heartstrings rappelle le
précédent LP. Mais l'un comme l'autre intègrent des éléments plus dansants et acides, à l'image du reste de l'album.
On l'aura compris,
Daedelus, loin de renier les muses du passé, fusionne ses diverses envies musicales en un nouvel alliage plus clinquant, aux contours plus nets et aguicheurs. Pas de panique, on y retrouve avec plaisir ses grooves tarabiscotés, ses patterns rythmiques uniques ou encore ses collages baroques et décalés. Seule change l'orientation générale de l'album, qui semble cette fois avoir été composé non seulement pour votre cerveau mais aussi pour vos pieds.
Chroniqué par
Rafiralfiro
le 18/09/2008