Attention OVNI en vue. Voilà un album qui va en déconcerter plus d'un. Un album qui semble avoir 10 ans d'avance sur son époque. Un album qui consacre une nouvelle approche de ce qu’est la « deep music » au sens large. Il faut dire que ses auteurs ne sont pas non plus des novices en la matière, loin de là. On peut même parler de deux figures de proue de la scène techno underground qui roulent leur bosse depuis des années. Leur association le temps d’un disque promettait beaucoup, qui plus est sur le label Smallville, structure dirigée par Julius Steinhoff et un certain Peter Kersten (a.k.a Lawrence ou Sten).
Evidemment le résultat est au rendez-vous. On peut même aller plus loin et saluer le côté novateur du concept. Car Songs from the beehive comporte beaucoup de passages enregistrés en totale improvisation. Ajoutez à cela un mélange des genres incroyable et vous obtenez un album insaisissable, qui vous dépasse et vous élève dans une galaxie électronique inconnue.
Le premier titre sonne comme une invitation à pénétrer dans un long tunnel hypnotique qui débouche sur ce mystérieux cosmos. Un track à la progression lente mais certaine, ponctué de sonorités cosmiques et enveloppé d’un groove lunaire envoûtant. Sur Velvet Paws nous y sommes, nous flottons dans un étrange univers opaque qui rappelle les ambiances vaporeuses des sorciers dub Maurizio ou Deepchord.
De son côté, Honey fait la part belle à une deep techno interstellaire à proprement parler époustouflante. On y retrouve un pied massif, autour duquel s’entrelacent nappes de synthés et lignes de basse ectoplasmiques. La recette paraît simple mais les ingrédients sont d’une telle qualité et utilisés avec une telle science du dosage que le résultat en est sidérant. Assurément LA perle de l’album.
Les trois morceaux qui suivent évoluent un peu dans un registre similaire : entre ambient et électronica, ils développent un climat apaisant mais sombre, intimiste et chaleureux. Radar clôt l’album de façon magistrale. On y retrouve encore une fois toutes les capacités du duo à créer un son progressif et addictif, à poser une ambiance, à développer un environnement inconnu mais dans lequel on se sent étrangement bien.
Au final difficile d’étiqueter cette musique tant elle semble un fourre-tout improbable, mélangeant sans vergogne house, électronica, dub, jazz, ambient et drone en un tout encore jamais entendu jusque là. Reprenant avec brio le côté expérimental et novateur de l’intelligent techno warpienne des débuts, Songs from the beehive est une expérience qu’il convient de vivre dans sa totalité, d’une traite. Un voyage dont beaucoup ne reviendront pas.
Chroniqué par
Fabien
le 06/08/2008