Soma reprend du poil de la bête c'est indéniable. Après avoir frôlé la mort, l'historique label avait besoin d'une cure de jouvence pour se remettre d'aplomb.
A picnic with the hunters va la lui fournir avec un son pour le moins vivifiant signé
Let's Go Outside. Derrière ce pseudonyme se cache
Steve Schieberl, italien d'origine qui vit aujourd'hui à Portland et au parcours pour le moins mystérieux. Ce qui est sûr en revanche c'est qu'il parvient avec ce premier opus à foutre un grand coup de pied dans la fourmilière, éclatant la notion de genre au vol.
Inclassable,
A picnic with the hunters déploie un enthousiasme formidable en râtissant tout le spectre électronique. Il passe ainsi sans vergogne d'une électronica crépusculaire (
Peripheral) à de la pure électro (
Still up) en faisant un détour par du bon breakbeat qui tambourine (
My first time). Plutôt foutraque donc dans l'ensemble...
Une constante néanmois : les évidentes références à Detroit au sens large. Entre rythmiques arides façon
Drexciya et nappes de synthés à la
Jeff Mills, la motown est à l'honneur et a dû sacrément marquer notre trentenaire. Comme beaucoup de toute façon me direz vous...
Quelques voix tentent ça et là de percer mais difficile (
I'll lick your spine,Girls don't like me) d'humaniser un album aussi noir et au climat aussi incertain. A noter également un vrai travail sur les basses, tantôt quasi absentes, tantôt omniprésentes ou triturées à l'extrême. A la longue on s'y perd un peu mais qu'importe, l'énergie déployée et l'effort réalisé sur les textures rendent le premier
Let's Go Outside sinon incontournable au moins original.
Après les derniers
Alex Smoke,
Funk D'Void et
Vector Lovers, la vénérable écurie
Soma a donc encore de beaux jours devant elle et semble définitivement remise en scelle sur la piste de l'intelligent techno.
Chroniqué par
Fabien
le 16/04/2008