L'heure est au crossover, cela ne fait aucun doute. Et
Kompakt, à l'instar de
Warp par exemple, l'a parfaitement assimilé. Comprenez par là que le label allemand n'est plus le roi de la minimale, comme il est souvent catalogué… enfin plus seulement. Aujourd'hui, il peut sortir tour à tour du
Supermayer, du
Gui Boratto puis du
Justus Köhncke sans aucun problème, du moment que c'est pointu et à tendance électronique.
Le premier long format de
The Field (Axel Willner) intègre pleinement cette démarche de diversification. A son écoute, difficile en effet de se dire qu'il sort sous la même bannière que
Michael Mayer ou
Reinhard Voigt. Car
From here we go sublime propose un son riche en textures et couleurs, plutôt chaud voire moëlleux...bref il est aux antipodes d'une techno minimale aride taillée pour un set de
Villalobos.
Le concept ? Une superposition de boucles subtilement décalées et agencées sur une ligne de basse en générale discrète et un beat étouffé. Le résultat en est tout bonnement époustanflant.
Prenez l'ouverture de l'album et vous aurez tout compris : voix doucement triturées, vagues de synthés vaporeuses, echos lointains et effets trancey emportent haut dans le ciel, très haut...
A paw in my face est du même accabit, en plus organique ; d'une simplicité extrême, il titille l'émotion avec un bête sample de guitare qui tourne en boucle sur une rythmique sautillante. Une piste somptueuse, propice à une douce nostalgie, mais qui donne le sourire aux lèvres.
Good things end et
The little beats so fast perdent un peu de rêverie au profit d'une thématique plus axée dancefloor et dans le style originel de
Kompakt (minimal donc)
Arrive ensuite
Everyday, dont la tonalité trance nous rappelle au bon souvenir (?)
d'Age of Love et de son tube éponyme.
Après un
Silent plus quelconque,
The Deal et
Sun and ice donnent une nouvelle tournure à l'album : les beats deviennent plus incisifs, les vagues de synthés sonnent comme des vents glacés, nous voici au beau milieu de l'Alaska ! Cependant l'effet reste le même : une sensation d'espace, d'apesanteur, de fragile mélancolie. Les mélodies sont également à souligner de par leur naïveté, elles rappellent d'ailleurs les productions d'un autre pensionnaire du label de Cologne : le japonais
Kaito, et sa deep italo-disco.
Enfin
From here we go sublime fait office d'atterrissage en douceur, à la suite d'un voyage dans les airs proprement irréel.
Axel Willner compose dans la cour des grands assurément et parvient à nous délivrer un album à la fois dansant et émouvant, techno, pop et trance, sans jamais s'égarer. Voilà qui m'inscite à dire gaillardemment qu'il s'agit de LA sortie techno 2007. Tout simplement.
Chroniqué par
Fabien
le 08/02/2008