Découverts lors de leur récent passage à Paris grâce à nos excellents camarades de
RockPost, les Italiens
Three In One Gentleman Suit avaient réussi à conquérir un public rare (ah… maudites grèves !) mais exigeant, et qui n'eut guère de mal à reconnaître le talent et la fougue communicative de ce trio.
Si le disque ne retient pas l'énergie du concert, il fait toutefois entendre plus de subtilité. Et ici, ce qui frappe à tous les sens du terme, c'est la manière dont la technique — celle du guitariste, notamment — est mise au service de la fabrique minutieuse de chansons. Écoutons ainsi
Two thousand steps et l'insistance avec laquelle cette voix sobre et éloquente scande les mots "you punk", déraillant ainsi de la trame que le chanteur a d'abord installée à l'unisson de sa basse, tandis que la guitare dessine ses ornementations avant de rejoindre l'ensemble percutant qu'ils forment avec la batterie. Encore :
Hi-fi burnout voix légèrement saturée qui coupe net — et ce, à chaque fois qu'elle se veut faire entendre — un unique motif affirmé de concert par le groupe.
Plus lyrique,
Three In One Gentleman Suit sait l'être aussi, comme feu son aîné
Karate (
The way you walk et ses grands accords lâchés que souligne par antithèse un guitare noise).
Or, si l'on se tromperait en affirmant qu'il va plus loin que son aîné, le groupe trouve toujours avec bonheur des voies différentes (sans parler de la décadente
Underwater, my samba) : préférence franchement marquée pour le rock tendance mathématique (
Maths rule the squadrons,
Approach / arrival), mais sans jamais le surjouer. Des stratégies nouvelles, en somme, pour jouer non pas la même chose, mais pour la faire entendre : une certaine émotion, le sentiment peut-être d'une inadéquation au monde tel qu'il va, aux gens tels qu'ils sont. Une note mélancolique qui, si elle ne rend pas l'atmosphère générale de l'album, est cependant celle sur laquelle l'album s'achève (
Delikatessen).
Chroniqué par
Jérôme Orsoni
le 14/01/2008