C'est ce que l'on pourrait appeler l'ironie de l'histoire. Si
Mudhoney a contribué dès 1988 à la définition du « son grunge » de Seattle, jamais le groupe ne toucha la part du gâteau (un de leurs albums fut d'ailleurs sarcastiquement intitulé
Piece of cake) laissé par la déferlante
Nirvana, comme
Pearl Jam ou
Alice in Chains le firent. Cependant,
Mudhoney a su tenir bon contre vents et marées jusqu'à parvenir, 18 ans plus tard, avec un line-up quasi originel, à tenir le rang, avec, notamment,
Sonic youth ou
Dinosaur Junior, derniers témoins de rock alternatif né sur les cendres du punk et du Hardcore US.
Et pourtant, l'album
Tomorrow Hit Today sentait la fin de parcours (avec notamment la défection du bassiste
Matt Lukin). Après s'être brillament repris sur
Since we've become Translucent, le groupe de Seattle revient donc avec
Under a billion suns, dans la lignée de ce précédent album. La rythmique qui ouvre
Where is the future est implacable, une volée de larsen ouvre les hostilités : la guitare débarque, lancinante, incisive. Comme sur
Since we've become Translucent, où les saxophones s'invitent ça et là, venant rajouter un aspect dramatique (avec un L
ets drop in à la haute teneur émotive).
Le ton de l'album est bien plus engagé qu'à l'accoutumée (
Mudhoney charge tête baissée :
It is us, brulôt punk-rock des plus sauvages, voit
Mark Arm s'égosiller sur un mur de guitares fuzz, rythmé par les coups de semonces du batteur
Dan Peters. La cible n'est autre que leur va-t-en guerre de président. Les comparses de
Mark Arm n'ont donc rien perdu de leur puissance de frappe, et ils ne dédaignent d'ailleurs pas le retour aux origines (
I saw the light et son blues enfièvré) ni les expérimentation (le final free Jazz hallucinant de
Blindspots).
Mudhoney semble avoir trouvé un second souffle, sans pour autant trahir ses origines et l'on rangera volontiers cet album aux côtés des
Stooges ou de
MC5.
Chroniqué par
Cyril
le 09/01/2008