Voici le retour du plus british des beatmakers californiens, le toujours prolifique
Alfred Weisberg-Roberts aka
Daedelus. Après l'inénarrable
Denies the Day's Demise et le
Throw a Fit EP chez
Mush en 2006, voici un surprenant maxi qui nous fera patienter en attendant son prochain LP et la concrétisation de son projet avec sa femme (
The Long Lost) et celui d'
Adventure in Time (avec
Dj Frosty de son collectif
Dublab).
Fair Weather Friends, qui sort donc chez
Ninja Tune exclusivement, conçu et destiné d'après les dires de son auteur pour nous autres européens, est aussi court qu'inattendu. Dix-huit minutes d'un
Daedelus nouveau, minimaliste et dansant, comme affranchi du reste de sa création. Si ceux qui ont récemment eu le privilège de le voir en live ont pu anticiper ce virage, il va sans dire que les aficionados des balades enfantines des débuts risquent d'être désorientés.
La frénésie maximaliste de
Denies the Day's Demise laissait déjà percevoir la présence de déluges technoïdes et acides au milieu des collages baroques de cuivres et de cordes, typiques de
Daedelus. Mais cette nouvelle livraison abandonne cette élégance poussiéreuse et hésitante, qui était la signature de notre homme, pour des atours volontiers plus aguicheurs. On lorgne carrément, par moments, vers une acid-pop guillerette, ce qui peut-être perçu comme un brusque demi-tour, si l'on n'y regarde pas de plus près. Approchons-nous donc…
El Subidon, seul titre à consonnance latine dans ce tracklist plutôt francophile, semble faire le lien avec la récente discographie du monsieur, deployant autour de son kick omniprésent de beaux arrangements de cordes et des nappes profondes découpées au "stutter". Les quatres autres titres présentent une musique radicalement différentes, à commencer par l'introduction
Fair Weather Friend, ses handclaps 80's et ses filles qui haranguent la foule. Ou encore
Hermitage et son charleston discoïde endiablé, sûrement le titre le plus dansant de l'album. Cependant si le matériau change, la construction reste significative de la musique de
Daedelus, à l'exception peut-être de
My Beau, qui tend vers un dépouillement total et plutôt déroutant.
On constate également que malgré une approche plus rentre-dedans on retrouve cette espèce de candeur, de naïveté plus exactement, qui rend si touchante l'œuvre de
Daedelus. Un peu comme si le petit garçon rêveur que sa musique nous évoque (le
Little Nemo de la pochette de
Denies the Day's Demise) avait décidé de tenter sa chance sur un dancefloor. Et aussi extraordinaire que cela puisse paraître, c'est une vraie réussite, l'interêt de ce disque résidant plus dans son contenu musical que dans la curiosité ou dans l'originalité qu'il présente…
Chroniqué par
Rafiralfiro
le 29/10/2007