Difficile de cerner qui fait quoi dans ce trio au nom lourd de conséquences (se remémorer ainsi ses années Croc-Vacances ne se fait pas sans mal). Producteurs (
Komod.O Dragon Production), bootlegers (
Processor Tournesol crew), gérants de label (
Weed Funes) , on a même du mal à croire que ce
Captain K.Verne puisse être en fait un groupe. Un groupe de quoi, au fait ?
Successivement ou tout à la fois pervertisseurs de scratch, savants fous du groove, sagouins du beat. Et de toutes ces casseroles la plus cabossée : des saligots de surdoués qui ont su faire leurs armes en courant, sans peur de passer sous les échelles de valeurs, prônant la fusion des genres et l'éradication des chapelles. Ces lieux devenus depuis communs. Et finalement fuis telle la peste sur cet album.
Produit par
Kid Loco, le trio tente pour la première fois de dépasser ses délires de "bastardisation" de la pop et d'assumer ça sur la longueur d'un album après un maxi sorti en 2003, 2 morceaux posés en 2002 sur la B.O.B. (Bande Originale du Bouquin) de
Cailloux Sacrés de
Nicolas Richard et quelques remixes pour des potes (
Portobello Bones,
Cornu).
Ici les titres iconoclastes sont de la "party" : de ballades électro-rock gonflées à l'hélium (
And The Story Goes On ou le sautillant et désuet
D'You Like Lamb, Dude ?) en instrus trip-hop dévergondées (
Androïds Dreaming et le phrasé sous influences de
Mau d'
Earthling), le choix des cocktails est varié.
Du coup, même si l'atmosphère est parfois chargée (le plombé
Kosho Game ou le slam glauque de
Les Lignes Droites), c'est ambiances festives, soniquement chiadées (l'opiacé
Hot Water from The Sun) et essentiellement épicuriennes (le funk intoxiqué de
Do or Die ou le fumeux
Don't Bogart That Joint) à tous les étages.
Captain K.Verne vous prend par le colbac et vous fait dévaler ces douzes plages sans temps morts ni pincettes. Vous sortirez en nage de l'antre de ce trio déglingué ou resterez morts saouls accoudés au comptoir, rincés par cette bande de doux dingues. On le serait à moins, devant une telle déferlante de tchache (
Oscar de la Hoya, hommage au boxer playboy du même nom) et d'énergie (le blockbuster
Casino Royal avec les riffs endiablés de
Sébastien Martel).
Combustion spontanée et jouissance non feinte de faire bouger les têtes voilà leur credo. Juste ça : le bonheur d'être un groupe parmi les plus béatement rentre-dedans de ce coin-là du globe. Pourvu que ça dure !
Chroniqué par
Yvan
le 09/10/2007