Libre est certainement l’adjectif qui caractérise le plus fidèlement la musique de
Kammerflimmer Kollektief, projet à géométrie variable du trio créé par l’allemand Tom Weber en 1999. Ce septième album démontre brillamment la volonté du groupe de ne jamais se cloîtrer dans un style et de laisser une grande part à l’improvisation, au figuré comme au sens propre.
Le noyau dur du groupe, une contrebasse et divers instruments électro-acoustiques, est régulièrement rejoint par des musiciens extérieurs. Ensembles, ils domptent l’héritage de la musique concrète et populaire (folk, pop, etc.) et en détournent les conventions.
Kammerflimmer Kollektief définissent eux-mêmes leur musique comme de la « Cosmic Country », ce qui laisse augurer une dimension métaphysique et abstraite assumée.
Avec
Jinx, la transe devient langage, allant même jusqu’à l’incantation avec le morceau éponyme
Jinx. On se croirait sous un wigwam, en train de siéger aux côtés d'un chamane amérindien pour « l’appel aux esprits ». Stupéfiant. La fragilité et la sensibilité des mélodies les plus accessibles permet de mieux appréhender les phases les plus abstraites. Les ambiances lancinantes fleurissent et les tourbillons d’improvisation deviennent l’incarnation d’une beauté énigmatique.
Kammerflimmer Kollektief dépassent les codes de la musique et inventent un mode d’expression hors norme pour titiller nos sens les plus enfouis, comme
Subnarkotisch, cette longue plainte de 10 minutes sous forme de conclusion, qui tente d’approcher les méandres de notre intellect à coup de distorsion sonore et de couinement acoustique, montant graduellement vers un chaos apprivoisé.
La grande qualité de
Jinx est de cultiver notre curiosité et de littéralement bousculer nos habitudes musicales. S’il est difficile, voire inconfortable, à certains moments, l’album a le mérite de favoriser une ouverture d’esprit indéniable.
Chroniqué par
BJ
le 23/07/2007