Philip K. Dick se demandait si les androïdes rêvaient de moutons électriques.
Legiac semble se poser a peu près le même type de question dans l’album «
Mings Feaner » : quelle pourrait être la musique produite par une intelligence artificielle imprégnée d’humanité et de nature ?
Les trois hollandais n’en sont pas à leurs premières armes puisque les frères
Don et Roel Funcken officient déjà sous le nom de
Funckarma (sur le même label).
Cor Bolten quant à lui, a cultivé ses talents au sein du groupe cold wave / punk de la fin des années 70 :
Mecano. (rien à voir avec la chanteuse espagnole d’
Une Femme avec une Femme, vous l’aurez compris !)
Alors que
K. Dick nous décrivait un univers futuriste sombre et technologiquement baroque, le trio livre un disque d’anticipation musicale peu ordinaire où le crépuscule flirte avec l’aurore, l’atmosphère n’étant jamais totalement lumineuse et la nuit jamais sans lune. A l’image du visuel qui accompagne l’album, mélange de formes organiques et de textures digitales dont on ne connaît pas la provenance,
Legiac puise ses sources sonores dans un vivier d’organismes pas tout à fait d’origine terrestre et parvient à nous emmener vers des paysages encore inconnus. C’est aquatique, c’est végétal, c’est animal, c’est tribal, c’est technologique… ça vit en somme ! Un véritable reportage du National Geographic sans images, celui d’un monde sauvage imaginaire très proche du nôtre, encore vierge de la présence humaine mais gorgé de nanotechnologies.
De manière plus pragmatique, il s’agit d’un album d’ambient qui expérimente des ambiances inédites, dans des teintes brumeuses et ombrageuses. Les moments calmes fusionnent avec des sursauts de break beat jamais agressifs mais parfois menaçants qui donnent une amplitude quasi mystique et mystérieuse à
Mings Feaner. Proche des albums
Lifeforms et
ISDN des
Future Sound Of London,
Legiac déborde d’imagination et présente un objet sonore assez fascinant.
Chroniqué par
BJ
le 02/07/2007