"L'histoire désespérément triste de l'affreuse fin du Monde". Voilà comment
Gangpol et son pote
Mit ont décidé d'intituler leur nouvel album. Mais pas de panique, nos deux "cartoon heroes" français n'ont pas subitement abandonné l'électro ludique pour s'essayer à quelques expérimentations musicales lugubres, sordides et verdâtres. Peut être ne faut-il simplement y voir qu'une sombre blague antinomique, pouvant accessoirement développer de formidables capacités de copie-collage chez les aventureux qui essaieraient d'en chroniquer l'objet (interprétation intéressée, me direz-vous). Qu'importe. En bon fainéant que je suis, je me permettrai la contraction de
The Hopelessly Sad Story Of The Hideous End Of The World en
The Sad Story tout simplement, par commodité, mais aussi parce qu'il faut pas déconner quand même. Ce bref et pragmatique préliminaire achevé, nous pouvons désormais attaquer plus sérieusement (oui oui) son sujet.
On annonce la couleur dès le
Jingle d'introduction : Voix synthétisées au vocoder de manière délibérément imbécile, et petites mélodies dignes du preset "boogie woogie" d'un vieux synthétiseur.
Disque compact, pièces détachées constituait la transition entre l'electronica discrète, végétale d'
Entité sonore, et quelques compositions complètement hilarantes qui ponctuaient l'album. Avec
The Sad Story, on a plus le cul entre deux chaises.
Gangpol Und Mit a définitivement abandonné ses slows pour plantes vertes au profit d'un parachèvement de cette conversion vers l'électronique fendard. "Dommage" penseront certains puristes de la première heure et autres amateurs de jardinage petit public. Peut être pourront-ils malgré tout se consoler avec la ballade crooneuse d'
Holy Dance of the Spirits in the Forest.
Les voix ont gagné en dextérité, capables de prouesses plus élaborées, rapides, élargies, trafiquées, ou coupées au sécateur (jardinage oblige).
Overture en est une preuve irréfutable, et
"Ballad of the lonely gamer" n'est pas qu'un simple clin d'oeil car seront développés tout au long de l'album de véritables hymnes à geeks dont seul
Gangpol détient le secret.
Côté vidéo (et oui, n'oublions pas notre ami
Mit!), on se paie un petit
teaser, bricolé un peu à la manière dont
Modeselektor entrecoupait son album
Hello Mum! de présentations factices. La
deuxième vidéo de
Mit est toujours aussi époustouflante (peut-être plus encore), et colle parfaitement à l'univers profondément dérisoire suggéré par la musique de
Gangpol. Le mariage est parfaitement fécond, pour le plus grand bonheur de tous.
Chinese salvery, le tube de l'album, viendra invoquer à nouveau cette fascination pour les comptines asiatiques que le duo avait déjà développée dans certains titres antérieurs, ou même dans leur collaboration avec
Satanicpornocultshop. A un tel point que
Meccha Go Go with Mami Chan ira carrément taper dans la J-Pop, cette espèce d'eurodance occidentale réinterprétée sous speed par les japonais.
L'avant dernier titre invitera, comme pour
Disque compact, pièces détachées,
Khima France. Mais loin du côté electroclash développé par ce premier featuring, celui de
The Sad Story ne lâchera pas le morceau kidulte, peut-être pour éviter d'éparpiller l'album sur trop de différentes voies. N'empêche que cette tentative, loin de posséder l'énergie qui émanait du
Fessier, se révèle assez peu convaincante. "Dommage", penseront certains electroclasheurs de la première heure et autres amateurs de dancefloor à frange. Peut être pourront-ils malgré tout se consoler avec ... Ok, passons. De toute façon, vous n'auriez sûrement pas cherché chez
Gangpol Und Mit de quoi animer votre prochaine boum d'anniversaire, même s'il est indéniable que cela lui confèrerait un petit côté jubilatoire.
Le problème, si on voulait se montrer un poil pessimiste, est que
Disque compact, pièces détachées laissait présager une évolution qui ne pouvait aboutir que sur une plus profonde "gangpolerie". Avec
The Sad Story, on ne nous ouvre pas vraiment de perspective pour l'avenir. Et on pourrait craindre qu'à force d'exploiter le son qui en a fait sa singularité,
Gangpol Und Mit ne s'enferme dans une machine qui ne soit plus capable d'autre chose que de cracher du
Gangpol Und Mit. Pourtant, on aurait tort de critiquer cet album qui se révèle être une belle pièce (rattachée) de folie kidulte. On considèrera donc ce dernier point comme la petite touffe rugueuse de l'adorable ours en peluche qui chante sur votre platine.
Chroniqué par
Tehanor
le 10/04/2007