En publiant
Contra,
Once We Were aura sans doute voulu se laisser plus de temps et plus de place qu'avec
Winter kept us warm. Deux ans de "maturation", douze titres répartis sur deux disques pour plus d'une heure de musique : quelque chose pourrait bien avoir changé qui aura modifié l'approche musicale du groupe.
Or, d'emblée, le disque A dément cette hypothèse. Les intentions, les inspirations, les modes d'expression semblent, à quelques exceptions mineures près, être restés les mêmes. Guitares et batterie opèrent un tissage sonore qui poursuit la démarche engagée par le passé. Le groupe, ayant gagné en efficacité comme en franchise (l'introduction de
Buckets have ears), met l'accent sur les contrastes : la batterie soutenue répondant dans un mouvement d'alternance aux notes que disséminent le glockenspiel (
Hard shoulder) ; emporté par cette confiance accrue, n'hésite pas à appuyer sur la pédale de distorsion. Et, même si c'est avec un certain manque de réussite, l'effort est louable (
Cut Corners).
C'est au disque B que revient, pour le dire ainsi, le privilège de remettre cette continuité en question. S'ouvrant sur une guitare acoustique qui fait dérailler sa trame mélodique sous l'effet d'harmoniques, le ton est donné (
Carnival). Cherchant ailleurs, dans les avantages de la post-production, modifiant le son de la batterie, découpant et réagençant, laissé aussi un côté plus brut s'exprimer dans le son (le bruit des amplificateurs qui grésillent sur
Last trolley), insérant des field-recordings ou modifiant encore par un delay ce que joue un glockenspiel (
End of clear sound),
Once We Were parvient à trouver des ressources inédites. Et ce, sans hésiter à faire feu de tout bois : comme ce duo piano/batterie pendant lequel on perçoit l'improvisation, l'esprit d'un moment unique, la prise de son directe achevant de prendre le contrepied des recherches précédentes ; ces sont les trois minutes trente-trois secondes de
Three minutes.
Un disque rouge (A) et un disque bleu (B) qui, si leurs couleurs ne sont pas complémentaires, forment à eux deux un tableau complet de la musique de
Once We Were. Et donnent lieu ensemble à un bel album.
Chroniqué par
Jérôme Orsoni
le 30/01/2007