Il est possible de trouver une certaine complaisance dans la mélancolie et les climats sombres. Et ce n'est pas The Black Heart Procession qui pourra prétendre le contraire : le groupe possède une discographie jalonnée d'albums emplis d'une « obscure clarté » que n'auraient pas reniée les romantiques. Son cinquième album The Spell ne déroge pas à la règle.
Les premières notes de piano de Tangled, annoncent clairement la couleur et ce qui va suivre : un labyrinthe de guitares lancinantes, de pianos dédaliques, d’orgues et de violons plaintifs. La voix poignante de Pal Jenkins confirme « I’m tangled in your web » (« je suis emmêlé dans ta toile »). En l’occurrence c’est une toile sonore qui perd l’auditeur, à l’image de l’artwork de la pochette où le motif labyrinthique est récurrent.
Quatre ans après Amor del Tropico, The Black Heart Procession s’en est retourné à des horizons plus obscurs. Tout l’Album baigne dans une sorte de climat claustrophobe, un peu comme un Calexico à qui l’on aurait supprimé le soleil et les grands espaces, on pense également aux « défunts » 16 Horsepower…
Ainsi The Replacement débute avec sa guitare insidieuse, sa rythmique lourde, son piano aux notes inquiétantes, sombres, montée progressive jusqu’à l’averse orchestrée à grand renfort de cordes et de claviers… Il y a aussi la longue plainte Return to Burn glaçante à souhait, en accord parfait avec les paroles (« I watch the sky turn grey – I am frozen »). Et même si sur Not Just Word le rythme retrouve un peu d'élan, le morceau n’en est pas moins teinté de nostalgie.
Une impression de sobriété se dégage cependant de cet album. Un peu comme si les musiciens de TBHP n’avaient pas eu à forcer leur talent pour composer ces onze morceaux. On pourra peut-être leur reprocher d’avoir joué la carte de la simplicité en ne faisant (excusez du peu) que du Black Heart Procession, mais ce serait leur dénier leur capacité à créer ces ambiances éthérées et romantiques.
Chroniqué par
Cyril
le 22/12/2006