Love Is All... Encore un groupe qui cède à la tentation actuelle du nom-programme, évoquant immédiatement un univers kitch comme Love Is All around des Wet Wet Wet ou des cœurs ringards à la All You Need Is Love des Beatles. Encore échappe-t-on à la rallonge anti-formatage radiophonique à la I Love You But I've Chosen Darkness ou Clap Your Hands Say Yeah… Alors forcément, lorsqu’on s’aperçoit que le titre de l’album annonce également un répertoire des moins réjouissants, neuf fois la même chanson, on est tenté de passer à côté de cette nouvelle formation des anciens membres de Cat Skills et de Girlfriendo.
Nine Times That Same Song se répète-t-il en dix morceaux identiques ? Heureusement non, sauf à entendre que toutes les chansons sont au fond des « love songs ». Au contraire, l’univers déluré de ces Suédois, qui ont choisi de chanter en anglais comme la grande majorité des groupes scandinaves, est très loin de l'écho monotone annoncé dans les premières secondes de l’album : « One more time… ». On retrouve l'ampleur baroque d’Architecture in Helsinki (Talk Talk Talk Talk), la fougue d’Arcade Fire et l'énergie dévastatrice de The Go! Team (Make out out Fall out). Héritière du punk, la musique de Love Is All ne s'encombre pas de minutieux réglages, donne tout ce qu'elle a dans le ventre, et néglige les approximations.
Mais cela ne signifie pas pour autant que ces cinq originaires de Göteborg, capitale du design industriel, présentent ici un album mal dégrossi. Alors que la batterie de Markus Görsch, excellent, suit les battements du cœur et imprime aux morceaux un rythme absolu, Josephine Olausson distille le chaud et le froid grâce à sa une voix, racée (Busy Doing Nothing) ou douce (Felt Tip, Turn The Radio Off), qui n'est pas sans rappeler celle de Karen O. de Yeah Yeah Yeahs. Fredrik Eriksson manie habilement le saxophone et pimente l’opus, en particulier dans Spinning and Scratching. Les guitaristes et choristes Nicholaus Sparding et Johan Lindwall lient les différents titres par des rifts plus ou moins agressifs, doux dans Felt Tip ou carrément twist dans Turn the TV Off.
L’opus totalise trente et une minutes. Court ? Non, plutôt une simple mise en jambe, une première répétition avant la suite de l’histoire (Between Love and Hate, ou The End of a Love Affair ?).
Chroniqué par
Strangeflower
le 22/12/2006