Quintet emmené par le batteur John Stevens, Fast Colour accueillait en 1988 à Anvers la chanteuse Pinise Saul et le saxophoniste Evan Parker. Dans le seul but de parfaire l’hommage délicat adressé par Stevens à l’un de ses partenaires favoris: le contrebassiste Johnny Dyani, disparu 2 ans plus tôt.
Sur un gimmick de contrebasse et la divergence amusée des instruments à vent (trompette d’Harry Beckett, saxophones de Dudu Pukwana et Parker), l’ensemble investit avec Now Time le champ des rengaines délurées dont Sun Ra s’était fait le chantre - imité bientôt par Eddie Gale -, pour ne plus les lâcher: qu’elles prennent l’allure d’une marche funèbre traînante accueillant les expérimentations légères de la tromboniste Annie Whitehead (Johnny Dyani’s Gone), d’une fanfaronnade gonflée par la surenchère à laquelle se livrent les deux saxophonistes (Mbizo), ou d’une construction baroque hésitant entre free jazz et swing (Way It Goes).
Toujours plus expansifs, les musiciens refusent de penser l’hommage comme célébration terne, redisent la circularité de l’existence sur Don’t Throw It Away (répétitions de la trompette bientôt reprises par Pinise Saul) avant de conclure leur set dans l’opulence altière capable de consoler de Way It Goes / Now Time. Boucle bouclée, œillade à un éternel retour qui pourrait faire passer les membres de Fast Colour du nombre de 7 à celui de 8.
Chroniqué par
Grisli
le 18/12/2006