Dans l’attente d’un nouvel album à paraître vraisemblablement courant 2007, c’est pour une compilation de ses peel sessions en forme d’ hommage discographique à son fameux compatriote John Peel, décédé en 2004, que Pj Harvey réapparaît dans les bacs, quelques temps après la sortie de son dvd live.
John Peel, rappelons-le, fut le fameux dj londonien de la radio BBC one, mélomane insatiable à qui de nombreux musiciens, parmi les plus réputés aujourd’hui, doivent une part de leur reconnaissance (entre autres, David Bowie, The Cure, The Smiths, The White Stripes etc…).
C’est à l’ami disparu que ce disque de l’Anglaise est dédié. On peut lire dans le livret ces mots manuscrits : « Every Peel session I did, I did, FOR HIM ». John Peel a suivi la jeune anglaise depuis ses débuts. De ces rencontres,complices et amicales, demeurent des enregistrements live qui ponctuent quinze ans de carrière, de 1991 à 2004, jusqu’au dernier album en date de Pj Harvey, Uh Huh Her. Malheureusement, dans la sélection opérée par la jeune femme (pourquoi ne pas nous gratifier d’une véritable anthologie ?) le superbe album Is This Desire? n'est pas du tout représenté. To Bring You My Love a également été mis de côté. Il existe pourtant des peel sessions de ces deux sommets discographiques. Dommage, car de fait cette compilation ne rend pas totalement justice à l’évolution artistique de la jeune femme, pourtant sensible d'un disque à l'autre. Néanmoins, ce disque permet à l’auditeur de prendre un peu de hauteur rétrospective sur une carrière musicale à tous égards exemplaire.
On se replonge en tout cas avec un plaisir certain dans ces morceaux tirés majoritairement de Dry et Rid of me, porteurs d’un rock tranchant, à vif, et pourtant chargé d’une électrique sensualité.
Parmi les morceaux plus rares, Naked Cousin, la reprise de Willie Dixon Wang Dang Doodle ou encore Losing ground dévoilent particulièrement la versatilité vocale d’une artiste imprévisible et intransigeante, qui n’aura eu de cesse de bousculer ses propres certitudes artistiques. Sur ces sessions live, l’on goûte ainsi à la crudité sauvage des débuts (oh my lover), à l’épanouissement d’une complicité musicale avec le fidèle John Parish (That was my veil, tiré du superbe album coécrit avec celui-ci, Dance hall at louse point), mais également à un rock plus apaisé et lumineux (Beautiful feeling, morceau du sophistiqué Stories from the city, stories from the sea). Le tour d’horizon s’achève sur le tribute you come through, morceau tiré du dernier album en date, pour un guitare-voix poignant.
“ It is with much love that I chose these songs, in his memory. A way of saying ‘thank you’ once more. ‘Thank you John’.” Hommage réussi.
Chroniqué par
Imogen
le 14/12/2006
