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Squarepusher

: Hello Everything



sortie : 2006
label : Warp
style : IDM / Nu-jazz / D'n'b déjantée

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Tracklist :
01/ Hello Meow
02/ Theme From Sprite
03/ Bubble Life
04/ Planetarium
05/ Vacuum Garden
06/ Circlewave 2
07/ Cronecker King
08/ Rotate Electrolyte
09/ Welcome To Europe
10/ Plotinus
11/ The Modern Bass Guitar
12/ Orient Orange

« Tom Jenkinson est un monstre, un mélange de techno terroriste et de premier de la classe de solfège », a dit récemment Alexis Bernier, le chroniqueur mythique du journal Libération. Au chapitre des raisons qui font de Squarepusher, alias Tom Jenkinson, un artiste hors-pair, on peut citer tout d’abord une culture musicale phénoménale, autant due à son héritage familial (son père était batteur et l’a initié au jazz) qu’à ses propres bonnes habitudes, puisqu’il a continué à nourrir ses connaissances en histoire de la musique tout au long de sa vie. D’autre part, Tom Jenkinson est un véritable musicien acoustique, contrairement à beaucoup d'artistes électro : il a apprit très vite la basse et la batterie - deux instruments qu’on retrouve sur ses albums. Et il en joue terriblement bien. Enfin il n’en est pas à son premier rejeton : Hello Everything est en effet le dernier d’une famille de dix enfants (ou huit, selon les calculs).

Quelles sont maintenant les raisons qui font d’Hello Everything un très bon album ? Loin d’être une révolution, ce dernier né ressemble à ses prédécesseurs : les exercices de jazz pointant peut-être plus du côté de Music is rotted one not, et les expérimentations contemporaines d’Ultravisitor. Mais c’est surtout un album où Squarepusher se fait plaisir. On a l’impression d’écouter un seul thème jazz travesti, revisité et décliné en une multitude de variantes. L’artiste y joue avec les styles, en lançant des clins d’œil à l’histoire de la musique. Un vrai pastiche proustien. C’est, pour reprendre une phrase du célèbre écrivain, une forme de « critique musicale en action » : car il ne fait pas qu’explorer les genres, il les triture et les dépoussière. Hello Meow : un rythme drum’n bass, du synthé, du xylophone, un interlude jazzy où s’improvise un solo à la guitare. Ce morceau d’ouverture est d'une franche gaieté, on le dirait tout droit sorti de la bande-son d’un manga japonais décalé, ou d’un remake comique des biomans. Theme from Sprite est quant à lui une sorte de bulle nu jazz, cool et cosy, guitare basse batterie, simple et funky. Une autre bulle, Bubble life, rappelle la mélodie du premier morceau, mais sous un format déconstruit. Circlewave 2, hispanisant bijou baroque serti de mandoline et de diamants flamenco, fait l’effet d’un nuage de délicatesse. On retrouvera ces accents hispaniques quatre pistes plus loin sur Plotinus. Orient Orange, qui clôt l'album, est enfin proche d’un free-jazz expérimental, très lent, épuré, traversé de gongs, de claquements de cymbales et de lamentations au saxophone. Et au milieu coule un trou : celui de Vacuum Garden, la montée d’un vide aspiratoire, sidéral (le morceau est inspiré des musiques savantes, ressemblant par exemple à La légende d’Er de Iannis Xenakis, à Incantation for Tape de Ussachevsky et Lüning, ou à certaines Etudes de bruits de Pierre Schaeffer). Voilà donc pour les morceaux les plus originaux de cet album.

Mais Squarepusher reste Squarepusher, avec ses vrilles électroniques, ses fusées sonores et ses ambiances alambiquées d’Intelligent Techno : une des nombreuses cartes de visite du label Warp. Ses plus proches confrères en cette maisonnée sont sans doute les Plaid, avec qui il partage un goût prononcé pour le mélange de style et de tonalité, et une sonorité perchée dans les aigus. Et bien sûr aussi Aphex Twin, ou Autechre, ces mathématiciens du son, ces physiciens du chaos, qui déconstruisent et sabotent sans vergogne les lois de l’harmonie. Ainsi le morceau Cronecker King, sorte d'anacoluthe musicale bégayante, fait preuve d'une certaine virtuosité. Et puis l’on retrouve aussi le style drum’n’bass déjanté qui fait la marque de fabrique de Squarepusher, notamment avec Rotate Electrolyte, Welcome to Europe ou The Modern Bass Guitar. Un très bon album, qui réconcilie un peu de la sécheresse d’Ultravisitor, son précédent. Nous n’en attendions pas moins de Squarepusher


Chroniqué par Ether
le 07/12/2006

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1 commentaire
http://www.myspace.com/mondkopfonthemoon
par Paul aka Mondkopf (le 13/12/2006)
Ok je post une chronique qui a pour but de donner un autre avis d’Hello Everything, album très attendu et qui fait débattre.

Avec Ultravisitor, son précédent album, Squarepusher sortait une œuvre folle, homogène et contrastée en même temps car mélangeant trips expérimentaux ardus et cascades de mélodies marquées par la grâce, le tout enveloppé dans un esprit free-jazz sainement approprié par son auteur après presque onze ans de carrière. Ultravisitor présentait justement un condensé du « son Squarepusher », une sorte de résumé de tous ses différents visages musicaux comme pour clôturer quelque chose…Comment donc Tom Jenkinson, de son vrai nom, allait renouveler le genre ?
Avec un titre pareil, Hello Everything, le nouvel album de Mr Jenkinson, laissait présager quelque chose d’enthousiaste, de joyeux, une sorte de renouvellement dans l’air du temps. La pochette laissait aussi entendre ça, avec ses petites vignettes de photos de studio montrant instruments exotiques, claviers vintages et autres guitares classiques…Bref il n’est rien de tout ça, car ce nouvel album offre plutôt un retour (raté ?) dans le passé. Certains diront qu’un tel artiste se doit de ne pas être dans l’air du temps, de ne suivre que sont propre chemin…mais là c’est quand même la grosse déception.
En effet Hello Everything n’offre quasiment que des titres que l’on pourrait croire sorti de Hard Normal Daddy : Hello Meow, Theme From Sprite (morceau jazzy pour quinquagénaire, où l’on entendrait presque Henri Salvador nous fredonner une chanson dessus (!)), ou encore Bubble Life (morceau gentillet, beaucoup trop gentillet, quasi anecdotique avec ses 2min53) pour exemples.
Cet album manque ainsi de folie, et ce n’est pas Vacuum Garden (servant de petite pause métaphysique) ou encore Circlewave 2 (titre tout de même plaisant avec sa jolie guitare classique, sa basse ronflante et l’impression apaisante de se faire bercer par la mélodie) qui feront penser le contraire. Peut-être Rotate Electronilyte, où l’on se dit que ça va enfin envoyer de la patate avec ce début un brin breakcore 8-bit, mais non, car le rythme s’arrête brusquement pour repartir sur une mélodie soporifique. Ce morceau vaut finalement pour son début mais aussi pour sa fin assez belle où l’on trouve un joli synthé vintage propice aux voyages dans les étoiles.
Heureusement les morceaux Planetrium et Welcome To Europe sauvent ce disque ; ils invitent à une escapade spatial assez plaisante grâce à de belles nappes célestes de synthés nostalgiques, de mélodies acid rêveuses et entraînantes, et d’une technique de basse dont seul Squarepusher a le secret, le tout rythmé par des breaks jungle oldschool répétés à l’infini ; on aurait peut-être aimé plus de folie à ce niveau.
Moment de folie, il y en au moins un avec le morceau The Modern Bass Guitare, où Squarepusher y maltraite sa basse pour un morceau pas mal épileptique mais hélas très classique.
Il réussi quand même un jolie final (Orient Orange) avec une longue plage de onze minutes très « musique contemporaine », d’où ce dégage un certain mystère sonique captivant, dans une ambiance sombre et étouffante où la batterie ne suivrait pas de rythme particulier mais essaierait juste de se faire entendre pour sortir de cet environnement beaucoup trop pesant.

Pour conclure, cet album, bien qu’ayant quelques pistes intéressantes, est une déception et ne renouvelle rien dans la carrière de Squarepusher. On en ressort avec l’impression que celui-ci nous a refiler un vieux cd demo pas masterisé et mal mixé, sans réel fil conducteur. Et ce n’est pas avec toutes les critiques dithyrambiques que l’on peut lire sur cet album qu’il se rendra compte de son erreur pour offrir un prochain meilleur album, au moins aussi bon que Ultravistor.
Paul.
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