La présence de gastéropodes devant la porte de son studio d’enregistrement, phénomène il est vrai pas si fréquent à Paris, a incité Alexis Mauri à appeler son nouvel album
Caracol, désignation hispanique de l’escargot. De façon moins anecdotique, il a choisi ce nom parce que la coquille de l’animal, ayant la forme d’une spirale, symbolise selon lui les cycles impairs sur la base desquels sont construits certains morceaux de ce disque.
Depuis un an, le DJ producteur est résident du club Weekend à Berlin, et cela se ressent immédiatement à l’écoute de ce nouvel album. On ne peut que s’en réjouir : si ses deux premiers disques n’étaient pas désagréables, ils couvraient un spectre trop large allant du downtempo à la house et souffraient en conséquence d’une tendance à la dispersion, faisant perdre à l’ensemble sa cohérence. Le musicien semble à présent réserver la composition de morceaux plus lents à son autre projet
Dubphonic dont le second album est en chantier.
Ce nouveau disque marque une évolution, une radicalisation certaine du son de l’artiste dorénavant exclusivement électronique. Les morceaux sont résolument destinés au dancefloor, à l’exception des deux titres ouvrant et achevant l’opus. On ne s’attardera pas sur
Riverflow, introduction « vocodée » de l’album assez pénible mais qui présente le mérite de ne pas être trop longue… Quant à
Back and Forth, titre électro pop sur lequel chante
Daniela d’Ambrosio, il conclut l’album en douceur mais pèche par un singulier manque d’originalité.
Album placé sous le signe du minimalisme (allemand) donc, mais pas seulement :
Alexkid est en réalité allé puiser dans le meilleur des productions club contemporaines, mais également passées, pour se les réapproprier. On a ainsi pu souligner l’influence du son de Detroit sur ses dernières compositions, ce que l’on ne contestera pas notamment à l’écoute de l’excellent morceau
Caracol. Il est cependant clair que les références du producteur sont beaucoup plus variées. Une autre inspiration nord-américaine est ainsi manifeste sur le morceau
Basic probablement le meilleur titre de l’album, qui évoque immédiatement le québécois
Akufen et plus généralement les productions Perlon. Le morceau
Nightshade (avec un featuring de
Lissette Alea) lorgne quant à lui plutôt du côté de l’Angleterre, rappelant certaines compositions de
Matthew Herbert. Ajoutons à ces influences quelques réminiscences acid sur le morceau
Orm qui, parce qu’elles sont utilisées avec parcimonie, sont au final assez agréables.
L’album n’est pas parfait, un peu court, mais il marque un véritable tournant dans la carrière de l’artiste qui avouait récemment être un peu lassé d’une house qui s’enlise, les producteurs se contentant d’appliquer des recettes. Les amateurs de productions minimales relèveront, non sans raison, que l’album ne révolutionne pas le genre et qu’une écoute répétée pourra s’avérer lassante ; il n’en demeure pas mois que la démarche d’
Alexkid, pas si fréquente, est tout à fait appréciable. Dans l’attente de la confirmation de cette heureuse renaissance, on peut d’ores et déjà écouter le très bon remix du morceau
Nightshade réalisé par
Rodriguez Jr (en téléchargement libre sur le site du label
Fcommunications).